Vous trouverez ici le récit d'une consultation d'une femme enceinte chez une obstétricienne, qui eut lieu dans une Maternité.
Ma femme et moi attendons notre deuxième enfant. Nous avons décidé que l’accouchement aurait lieu à domicile. Pour des raisons de sécurité, ma femme a un double suivi : d’une part, elle est suivie par la sage-femme qui supervisera l’accouchement, et, d’autre part, elle doit faire dans une maternité un certain nombre d’examens. Le récit qui suit rapporte les événements qui ont eu lieu lors des rendez-vous à une maternité, qui bénéficie, par ailleurs, d’une excellente réputation.
Deux visites à la maternité sont obligatoires pour ceux qui pratiquent un accouchement à domicile : celle du huitième et celle du neuvième mois. Lorsque nous sommes allés à la maternité pour la première visite, l’obstétricienne nous avait assez sévèrement reprochés notre décision et avait tenté par de multiples moyens de nous donner mauvaise conscience : comment peut-on mettre en danger deux vies de manière aussi inconsciente ? Comment ferez-vous si une hémorragie de la délivrance se déclare ? Et après nous avoir bien fait macérer dans des sentiments de culpabilité, elle nous jette un regard entendu et dit : « Je sors d’une salle d’accouchement. Une femme vient de faire une hémorragie. Ça saignait comme un robinet ouvert. » De ce rendez-vous, nous avions tiré deux conclusions : 1) elle est opposée aux accouchements à domicile ; 2) elle prend très à cœur son travail et mène une œuvre de prévention un peu agressive.
La consultation du neuvième mois fut vraiment différente. Le rendez-vous était fixé à 10h30. Mais les retards se sont accumulés, de sorte que, petit à petit, la salle d’attente s’est remplie de femmes enceintes, fatiguées par le trajet, l’attente, le fait de rester assises, l’entassement… La salle, sans fenêtres, illuminée par des néons, a rapidement surchauffé. Plusieurs patientes ont fait des crises d’hyperventilations. Les contractions utérines se multipliaient. Une femme a fini par faire une crise de spasmophilie. Finalement, à 12h10, ma femme est appelée auprès de l’obstétricienne.
Ma femme, dont j’admire la politesse, n’a rien dit à propos du retard, des conditions de l’attente. Elle l’a saluée poliment, avec un sourire. La première déclaration de l’obstétricienne fut de lui demander si elle avait renoncé à son projet d’accoucher à domicile. Voyant que ma femme répond par la négative, elle commence à fulminer et à lui faire des remontrances en tout genre. En même temps, l’obstétricienne lui demande de se dévêtir pour les examens.
Ma femme avait eu un rendez-vous chez sa sage-femme le jour précédent. Pour vérifier l’ouverture et la fermeté du col, elle avait pratiqué un toucher vaginal (TC). Cette pratique peut provoquer des contractions utérines chez la femme examinée (l'OMS a publié un dossier sur la grossesse, qui mentionnait, non seulement l'inutilité de cette pratique pour la grossesse, mais sa nocivité, dans certains cas). Ces contractions peuvent, à répétition, entraîner un accouchement prématuré. En connaissance de cause, ma femme demande donc à l’obstétricienne de ne pas pratiquer un TC parce que, d’une part, elle a eu un examen récemment, et, d’autre part, cela risque de provoquer inutilement des contractions. Cette demande, elle l’a faite, gentiment, avec un sourire gêné. La réaction de l’obstétricienne fut violente : elle s’est mise à hurler et à insulter grossièrement ma femme, qui, au final, face à tant d’agressivité, était sur le bord des larmes.
Ensuite, l’obstétricienne regarde ma femme d’un air torve et lui dit : « Bon, ben alors ? Qu’est-ce que vous attendez de moi ? » Ma femme lui répond qu’elle est venue pour un prélèvement de streptocoques. Celle-là explose de rage et d’insultes, non plus contre ma femme, mais contre la sage-femme : pourquoi ne ferait-elle pas elle-même le prélèvement ? Elle lui reprochait 1) de ne faire que ce qu’elle aime (je vous laisse peser le plaisir de la sage-femme qui pratique le TC) ; 2) de laisser le sale boulot aux autres (je vous laisse peser la difficulté d’une opération comme un prélèvement de streptocoques).
Toujours dans son monologue rageur, elle remonte la tunique de ma femme, applique du gel sur le ventre et pratique une échographie. Cette échographie n’a été ni demandée, ni annoncée. Lorsque ma femme lui demande de s’expliquer sur son geste, elle lui répond qu’elle veut vérifier que le bébé a bien la tête en bas. Cette échographie, en sus d’être imposée "autoritairement", n’avait aucune justification : 1) ma femme avait communiqué les résultats des derniers examens et indiqué clairement que le bébé se présentait bien ; si elle doutait de la parole de ma femme, 2) ce fait était noté dans le compte-rendu de l’examen pratiqué par la sage-femme le jour précédent ; 3) elle n’est pas échographiste, un service de la maternité est spécifiquement chargé de cette mission. Elle fut presque déçue de voir que le bébé se présentait plutôt bien.
Mais ce n’est pas fini : la haine entre les clans médicaux (hôpitaux contre libéraux) ne lâchait plus cette obstétricienne. Elle interrogea mon épouse pour savoir comment la sage-femme connaîtrait les résultats du prélèvement. Au moment où mon épouse lui répondit que la secrétaire médicale de la maternité lui transmettrait toutes les informations nécessaires, si des données anormales étaient détectées dans les analyses, elle éclate de furie, à nouveau contre la sage-femme. Suffoquant d’indignation à l’idée que la sage-femme n’appelait pas tous les jours la maternité pour connaître tous les détails des résultats, elle n’écouta pas ma femme qui lui demandait de se calmer. Elle n’en finissait plus de vomir sur l’incompétence de la sage-femme. Mon épouse a donc attendu que cet accès de furie passe de lui-même, en n’écoutant plus et en regardant ailleurs. S’étant tu, sans cesser de fulminer, elle conclut l’entretien en disant : « Jamais je ne laisserais ma fille accoucher à domicile. », et renvoya ma femme, sans lui souhaiter un bon accouchement.
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