Tuesday 3 April 2012

Urban trail de Lyon (1/04 2012)

Le 1er avril 2012, j'ai participé à l'Urban Trail de Lyon. Voici mes impressions


1) L'Urban Trail de Lyon

Pour ceux qui l'ignorent, l'Urban Trail de Lyon est une épreuve de course à pieds, organisée par Lyon Athlétisme, sous l'égide de la Fédération Française d'Athlétisme, qui se déroule à Lyon. En 2012, il s'agissait de la 5ème édition. Le concept de l'Urban Trail de Lyon est très différent de celui de RunInLyon, l'un des autres grands événements populaires de running à Lyon, puisque RuninLyon est un événement d'athlétisme classique (marathon, semi-marathon et 10km), alors que l'Urban Trail se rapproche du trail, bien qu'il n'en soit pas un au sens propre. Le principe du trail est de se dérouler hors la ville, de faire plus de 42km, et de passer moins de 25% du chemin sur le goudron. Bref, un trail se passe en nature, sur des surfaces accidentées, et dans une grande variété de terrains. Or le principe de l'Urban trail de Lyon est de répondre aux deux derniers critères, dans un contexte urbain. Il n'est ni vraiment une pure course sur route, ni vraiment une pure course nature, mais une course qui s'approprie les surfaces accidentées de la ville (les escaliers, par exemple), et la variété des terrains (goudrons des routes, terre des parcs, pavés des rues anciennes, etc).

L'Urban Trail de Lyon propose 3 parcours: 12km, 23km, 38km. Ce qui correspond au trail court. Pour ma part, j'avais choisi de faire le 23 km. Il se concentre sur les collines de Fourvières et de la Croix-Rousse. Pour ceux qui veulent en savoir plus, le parcours débutait sur la Place des Terreaux, devant l'Hôtel de Ville, prenait la Rue du Terme, puis le Tunnel de la Croix-Rousse, redescendait vers l'esplanade, traversait la place Colbert, près de la traboule des Voraces, allait vers les quais du Rhône, remontait via la montée de la Grande Boucle, se dirigeait vers le cimetière de la Croix-Rousse, descendait vers les quais de la Saône via la rue d'Ypres, remontait vers les Jardins de la Cerisaie, redescendait vers les quais du Rhône, qu'on traversait pour aborder la colline de Fourvière, longeait le quai Bondy et le quai de Scize, escaladait la Montée du Caillou, dévalait la rue du Docteur Rafin, pour retrouver la montée de l'Observance, longeait le Cimetière de Loyolasse, traversait le chemin des Viaduc, passait à côté de Fourvière, descendait le jardin du Rosaire du parc des hauteurs, rejoignait l'amphithéâtre de Saint Just et ses parcs, puis redescendait via la montée du Gourguillon vers la Cathédrale Saint Jean, puis remontait vers Fourvière par un autre passage dans le jardin des hauteurs, dévalait la montée de l'ange, puis remontait vers le chemin du Viaduc, descendait vers les quais de la Saône par la montée de la Sarra, traversait la passerelle de la Feuillée, remontait sur la colline de la Croix-Rousse via les jardins des Chartreux, jusqu'à Croix-Paquet, et enfin se dirigeait vers l'arrivée, située sur la place des Terreaux après avoir traversé la cour prestigieuse de l'Hôtel de Ville. En tout, 1100m de dénivelé positif et 10 ascensions, selon le site de l'Urban trail. Sur le parcours, on pouvait se ressourcer auprès de deux ravitaillements, le premier se trouvant dans les jardins de la Cerisaie (Villat Gillet), et le second dans le parc de la Visitation (derrière les amphithéâtres de Saint Just).


2) La préparation générale et la semaine qui a précédé l'Urban Trail
Alimentation
Je suis assez proche du paleo diet, appelé aussi parfois "régime de l'homme des cavernes", sans le suivre de manière stricte. Les principes essentiels consistent en (i) éviter les céréales et les régimes avec un haut taux de glucides ; (ii) inclure pas mal de gras et d'avoir un bon équilibre entre Oméga-3 et Oméga-6 ; (iii) suivre la règle de 1903 (date de l'introduction de l'hydrogénation dans l'industrie agro-alimentaire), qui consiste à se nourrir de préférences de tout ce qu'on aurait pu trouver avant cette date ; (iv) abuser des poissons et des légumes; (v) varier les viandes en évitant d'en manger trop souvent. Il y a plusieurs versions, mais c'est celle que je suis. Dans mes habitudes, je penche plutôt pour deux repas par jour (un énorme petit-déjeuner, et un dîner), et j'inclus un jeûne mouillé d'environ 24-36h par semaine.

Entraînements
Je ne suis pas monotâche. Comme je l'ai déjà dit dans mon compte-rendu de RunInLyon, je ne veux pas me spécialiser et la performance ne m'intéresse pas. À un moment donné, en course à pieds, j'ai voulu chercher la performance, et paradoxalement, j'ai vu la courbe de ma performance augmenter pendant que j'ai observé celle de ma santé baisser. Je pratique donc plusieurs activités physiques: course à pieds (1 -voire 2, mais c'est rare- séance par semaine), taijiquan (style Yangjia Michuan), Paléofitness (activité fondée sur les mouvements naturels aux humains: marcher, courir, grimper, balancer, soulever, etc au total 12 mouvements), Systema (art martial et self défense d'origine russe, dont j'ai parlé entre autres ici), natation (occasionnellement). En gros, j'ai une activité physique par jour pendant 5 jours, puis deux jours pendant lesquelles je ne fais rien. Car la récupération est la partie principale si j'ose dire des activités physiques. C'est à ce moment que le corps se fortifie. Un grand axe dans ma manière d'aborder les activités physiques consiste à inclure plus de détente, à éliminer les tensions inutiles dans le corps, et à améliorer ma flexibilité. Quand j'étais spécialisé dans la course, cette activité avait renforcé les aspects "anguleux" de mon corps, générant des tensions inutiles, formant des blocs complets dans mes chaînes musculaires. Je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un vrai défaut, parce que cela générait plus facilement des blessures, de la fatigue, et un manque d'adaptation aberrant. C'est pourquoi j'ai voulu travailler ma flexibilité.
En ce qui concerne la course à pieds, il est vrai que j'étais en terrain connu. Les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse sont mes terrains de jeu. Je n'aime pas les longues lignes droites interminables (les berges du Rhône), je n'aime pas non plus tourner en rond sur du plat (les stades et les parcs lyonnais tel celui de la Tête d'or). Le corps humain n'est pas fait pour ça, il réagit naturellement mieux aux terrains accidentés et aux variations de niveau. Je passe donc mon temps à monter à descendre les collines, via les chemins, les routes et les escaliers. Mais c'est juste une habitude, pas vraiment un entraînement spécifique.

Semaine précédent l'épreuve
Je n'ai pas changé mes habitudes alimentaires cette semaine-là et j'ai continué à m'entraîner normalement. Lundi: 20km de course dans les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse. Mardi: paléofitness. Mercredi: Systema et taijiquan. Jeudi: taijiquan. Je n'ai rien fait après. J'ai jeûné pendant 24h de jeudi midi à vendredi midi.
Une seule chose a changé, qui a modifié ma perception de la course, et c'est la raison pour laquelle j'en parle. Micah True, organisateur du Copper Canyon Ultramarathon et l'un des personnages les plus marquants de Born to Run, a disparu le 28 mars 2012 dans l'État du Nouveau Mexique (USA), alors qu'il courait. Nous n'étions pas si proche, mais il était une figure qui comptait pour la communauté des runners, et aussi pour moi. Le  29 mars, Patrick Sweeney écrit sur Facebook, "I'm headed out to New Mexico to help find my friend. Caballo is my friend and I hope he is found very soon. Of all the people I know he would be near the top of the list to come of situation like this unscathed." Cela rend bien compte de l'esprit qui a entouré cette disparition. Des gens sont partis pour remplir les rangs des équipes de recherches, des réseaux se sont formés pour transmettre la moindre évolution dans les recherches. Une mobilisation complète et à grande échelle. Mais rien n'apparaissait, il était introuvable.

J-1 et le jour même
Le jour d'avant, j'ai fait une longue promenade d'environ 10km dans les collines de Fourvière et de Saint Just avec mes enfants et des amis. Nous avons traversé les amphithéâtres de Saint Just, et nous nous sommes entre autres arrêté au parc de la Visitation, là où a eu lieu le second ravitaillement. Refusant l'idée du carbo-loading, je n'ai pas fait de pasta party le samedi soir. Au contraire, j'ai pris un bon steak avec une bonne soupe de légumes.
La nuit du samedi au dimanche a été très mauvaise, non pas parce que j'étais nerveux, mais parce que des voisins ont décidé de faire une fête précisément cette nuit-là. Je n'ai pas pu dormir entre 1h30 et 5h du matin, tellement le bruit qu'ils faisaient était épouvantable. D'autres ont essayé de les calmer en leur demandant de faire moins de bruit, mais ils n'en ricanaient que plus fort. Épuisé, à 5h, j'ai fini par m'endormir, pour me réveiller à 6h.
À 6h, la première chose que j'ai faite fut d'allumer mon ordinateur pour voir si des nouvelles de Micah True étaient paru. La recherche avait abouti. On avait retrouvé le corps de Micah True, près d'une rivière, les pieds encore dans l'eau, sa bouteille renversée à côté de lui. Aucune trace physique sur son corps impliquant la mort ne pouvait être observée. Très franchement, j'étais bouleversé. Quelques heures plus tard, Scott Jurek écrivait sur Facebook, "Just returning from some tough days in New Mexico. Caballo left us doing what he loved in a place that was sacred to the Apache and ancient running people he revered. He touched so many of us and his spirit will continue to do so. Travel light and swiftly in the Land of the Mountain Spirits, my friend " (Facebook, 1 avril 2012, 2200 likes au moment où je l'ai vu). J'étais bouleversé mais j'ai continué à me préparer. J'ai d'abord pris une douche, un petit déjeuner (un oeuf, une salade de poivrons, salade iceberg, olives à la grecque, mozzarella, graines de lin, le tout arrosé d'huile d'olives), j'ai revu le parcours, puis pour terminer je me suis échauffé par des exercices de flexibilité, de visualisation et de respiration, sur le corps entier. Il était 8h, il était temps de partir. Un pneu de mon vélo étant à plat, j'ai pris le métro pour aller à l'Hôtel de Ville.

3) L'épreuve
Matériel et objectif
Matériel? Un short, un haut à manches courtes léger et un haut à manche longue plus chaud à mettre par-dessus, à cause de la fraîcheur matinale. Aux pieds, une paire de sandales, les Leadville de Luna Sandals avec le laçage ATS, que j'ai présentées dans un post précédent. En guise de boisson, j'avais préparé ma mixture à base d'eau, de chia et de citron vert. Que pensé-je de ces sandales? Dans le post sur les sandales, qui comprend un comparatif entre les Luna Sandals et les Vibram Five Fingers, j'étais très optimiste. Je le suis un peu moins maintenant, car des défauts se révèlent petit à petit. Le premier est lié à la surface supérieure de la semelle, celle qui est au contact de la peau du pieds. Avec la transpiration, elle devient très glissante. Ce n'est pas un problème quand on court assez vite, sur du plat ou des montées ou descentes légères, car l'humidité est éliminée par la friction. Mais quand on est contraint de courir voire de marcher assez lentement, sur des pentes plus abruptes, quelle que soit le sens, le pied glisse de la chaussure. On est obligé de contracter tout le pied pour pouvoir rester sur la semelle. Le second problème est lié au système de laçage. Il y a deux manières de lacer les sandales, le laçage traditionnel et le laçage dit ATS développé par Luna Sandals. L'une des caractéristiques de ce système est une bande élastique de maintien derrière le talon. Eh bien, l'élastique est trop élastique et ne maintient pas du tout le pied sur la sandale dans des conditions un peu extrêmes. Le pied sort, la sandale part sur les côtés, se tord, et on la rattrape comme on peut. Cela étant dit, je maintiens les 13 points positifs relevés dans mon post précédent quand la route ou le chemin présentent des caractéristiques raisonnables. Reste à essayer le laçage traditionnel…
Objectif? Aucun objectif de temps. Mais en gros, me connaissant, je pensais être capable de faire le parcours en 1h50-2h10. Je ne me suis en tout cas pas entraîné en fonction d'un temps. Le seul objectif que je me suis donné était de faire cette course en hommage à Micah True. Je voulais la lui dédier en quelque sorte.

Feelings
Mes sentiments sont très mitigés, et mon ressenti est composé de pas mal de frustrations. En termes de sensations personnelles, je dois dire que j'étais en forme. Depuis que j'ai varié mes activités et introduit plus de travail sur la respiration, la détente, et la prise en compte intuitive du pouls (donc sans médiation du cardio-fréquencemètre), ma santé est montée en flèche, mes sensations se sont affinées, les limites de la fatigue ont été repoussées. En gros, je me sentais bien. Si ce n'est que le maintien des huaraches ou plutôt son absence, me gênait un peu, et provoquait tout de même des sensations désagréables parfois.
Pour les frustrations, elles trouveront leur explication un peu plus loin, dans la partie consacrée à la dimension concrète du parcours. Même si je ne veux pas énoncer dès maintenant les motifs de ces frustrations, je peux tout même en donner le contenu.
Première frustration: le sentiment de ne pas pouvoir mettre à jour ce que je sais et peux faire. J'ai piétiné ou marché, je n'ai presque pas pu courir, non pas pour des raisons intrinsèques (préparation insuffisante, coup de fatigue, etc), mais pour des raisons extrinsèques: coureurs immobilisés, bouchons, pas de place, blocage, huaraches qui lâchent, etc.
Seconde frustration. La première frustration est physique, la seconde est spirituelle. Le sentiment de ne pas avoir pu rendre hommage comme il le fallait à Micah True. Je pensais en courant à ce qu'il a fait, à ses choix, à ses propos, à sa famille, à ses amis, à ceux qui ont mené les recherches, à ceux qui l'ont trouvé, au Copper Canyon Ultramarathon, aux Raramuri, à son association de soutien aux Raramuri, aux autres coureurs ou gens qui le soutenait, à sa compagne. Je voulais juste courir et continuer à y penser, à prier même, et je me voyais juste bloqué, renvoyé vers moi-même par mon immobilité, par des gens qui criaient leur ras-le-bol dans les bouchons de coureurs, leur énervement contre les CRS ou les feux de signalisation. Je ne parvenais pas à lui rendre vraiment hommage. Mais peut-être ai-je eu tort de chercher à lui rendre ainsi?


Technique et posture
J'ai appliqué le principe de Marshall Ulrich (Running on Empty), qu'il tient de sa mère: quoi qu'il arrive, garde ta posture. Il est clair qu'avec l'utilisation intensive et quasi exclusive de chaussures minimalistes, et du barefeet running, ma posture s'est améliorée. Je pense que je me rapproche de la forme suivante: pas légers, pas courts, pas sous le centre de gravité avec les talons qui viennent presque toucher les cuisses, avec amorti et relance sur la partie avant du pied. L'utilisation d'une respiration contrôlée et utilisée de manière appropriée, combinée avec une conscience du corps affinée, m'ont permis de relâcher les tensions inutiles et d'éviter une fatigue trop précoce dans les moments difficiles. Plutôt que passer par exemple les escaliers en force, dans la résistance, les dents serrées, le dos baissé pour que les mains appuient sur les cuisses, j'ai anticipé en modifiant ma respiration avant, en conservant ma posture, en adaptant ma respiration en fonction de mon état, et veillant à l'absence de crispations inutiles. Les défauts qui me paraissent les plus évidents actuellement, ce sont une cambrure du bas du dos et une tendance à la supination (pas assez d'usage du pouce).

Performance
Le temps était mesuré grâce à une puce électronique à fixer à la chaussure qui se mettait en route dès le passage de ladite puce sous l'arcade de départ. Puisque je n'avais pas de chaussures, je l'avais fixée autour de ma cheville. Ma performance est médiocre: 2h31mn15s. 604ème rang au total, et 352ème dans ma catégorie. La première partie n'était pas mauvaise (la première heure), mais j'ai perdu beaucoup de temps ensuite. À mon avis ce temps final est assez loin de ce que je peux faire. Tant pis!
Voici une galerie sur l'événement sur le site du Progrès avec des photos intéressantes!


Social
C'est sans aucun doute la partie la plus positive de l'Urban Trail.
Premièrement, c'est un trail. Qui dit trail, dit esprit trail. Qui dit esprit trail, dit non esprit athlétisme. Et qui dit pas d'esprit d'athlétisme, dit pas d'individualisme. Face à la difficulté, les gens se rapprochent, s'encouragent, s'aident, se soutiennent, courent en groupe, se saluent même s'ils ne se connaissent pas. La solidarité et la convivialité passent avant l'esprit de compétition (toujours latent, cela va de soi, car c'est une course, pas une promenade avec parcours imposé…).
Deuxièmement, le minimalisme est un sujet qui fédère et qui interroge. Avant et pendant la course, de nombreux coureurs m'ont interrogé sur le minimalisme, les sandales que je portais. J'ai eu beaucoup de questions sur le problème de l'amorti, qui reste un mystère pour les porteurs de chaussures non-minimalistes, puisqu'ils sont persuadés que seule la partie de la chaussure sous le talon peut remplir ce rôle. Ils ont du mal à saisir que la manière de courir, la posture et la technique remplissent en fait naturellement ce rôle. Mais j'ai eu droit aussi à d'autres questions. Beaucoup m'ont dit que j'étais courageux, et m'ont félicité dans ce choix. Bien sûr, il y a eu quelques moqueries, mais sans méchanceté, plutôt avec un esprit bon enfant. Et après la course, j'ai été rejoint par la joyeuse et enthousiaste bande des barefeet runners et minimalistes de l'Urban Trail:


Nous avons pu discuter un petit moment pour faire connaissance et échanger nos impressions sur le vif à propos de la course. Et finalement, nous avons pu faire une jolie photo de pieds avant de nous quitter. Attention, image subversive où des pieds sont montrés sans coque homogène hors de prix avec des couleurs flashy et des talons surcompensés:

(Merci Gégé pour les photos.)

4) L'encadrement institutionnel
Ravitaillement
??? Je n'ai pas vraiment de commentaires à faire, puisque je ne me suis pas arrêté aux ravitaillements. À mon avis, 23km, c'est trop court pour penser au ravitaillement. Je comprends cependant que ceux qui cherchent leurs ressources énergétiques principalement dans les glucides se dirigent vers les stands de ravitaillement, mais puisque je cherche à tourner mon corps vers la dégradation des lipides stockés, le problème des ressources limitées ne se pose pas à ce stade. À l'arrivée, dans tous les cas, il y en avait pour tous les goûts, du saucisson, au pain d'épices, en passant par le fromage, les bananes, les petites tartelettes, etc. J'ai tout de même été très surpris en voyant du coca c***, que j'ai du mal à associer avec des activités physiques et une vie saine. Je ne me suis pas vraiment attardé là non plus, car je devais déjeuner ailleurs.

Écologie
Là aussi, cette dimension est positive. Il y avait (sauf dans les ravitaillements où je n'ai pas fait attention) assez de matériel pour recevoir les déchets, et il y avait un bon esprit de la part des coureurs. Seulement, je vois encore trop de choses qui génèrent des déchets, à la fois de la part des coureurs et de l'organisation. Les coureurs même pour un parcours relativement court se gavent de gels énergétiques ou utilisent des boissons à base de poudre technique, qui génèrent énormément de déchets (en plus des effets indésirables sur la santé, tels la fatigue des reins, sans parler de la destruction du corps par des taux de glucose trop élevés à gérer, ni du fait qu'on peut obtenir des effets similaires via des produits naturels, telle une poignée de myrtilles, une baie très digeste et pleine de ressources). L'organisation utilise trop de produits industriels, déjà préparés et généralement entourés en grande quantité d'emballage, au lieu de se tourner vers des produits naturels qui génèrent moins de déchets.

Le parcours en pratique
C'est là où le bât blesse. Je tiens à préciser que j'apprécie beaucoup Lyon et que l'idée d'un Urban trail à Lyon fait tout à fait sens. En fait, le parcours est intéressant mais présente un certain nombre de défauts que je vais présenter sous la forme de dilemmes.

Premier dilemme: ou bien avoir beaucoup de participants, ou bien offrir un parcours technique et intéressant. Le problème d'un passage technique est qu'on ralentit forcément au moment du passage. Pour un parcours urbain, des escaliers, à monter ou à descendre, sont typiquement un endroit technique. C'est pourquoi, si on multiplie les passages dans les escaliers, il y aura nécessairement un ralentissement. C'est-à-dire que même si l'on ne prend pas en compte la nature de ces escaliers (sont-ils étroits, hauts, cassés, etc?), et qu'on ne fait que mettre des gens sur ces escaliers, il y aura une disproportion entre le nombre de personnes qui sortent de la section des marches (peu élevé) et le nombre de personnes qui entrent et qui s'y trouvent (très élevé). La conséquence du refus de prendre en compte de ce dilemme est simple: des bouchons, où les coureurs restent immobilisés pendant de longues minutes -qui permettent d'ailleurs d'observer les différences de réactions entre les coureurs, notamment de distinguer les légalistes qui respectent les règles et les opportunistes qui sont prêts à tout- en attendant que leur tour arrive. À cause de ce dilemme, deux bouchons au moins ont eu lieu. Le premier se forma très rapidement dans la montée du boulevard (colline de la Croix-Rousse), et le second un peu plus tard, dans la montée de Chazeaux (colline de Fourvière). Le second fut le pire, puisqu'on est vraiment resté de longues minutes à attendre. Plusieurs solutions: i) continuer à faire les mêmes erreurs, ii) privilégier l'un sur les autres (ou bien restreindre le nombre de participants, ou bien réduire l'aspect technique du parcours), iii) ou bien trouver une solution intermédiaire (par exemple, au lieu de prendre la montée de Chazeaux, préférer la montée du Garillan, qui ne se trouve que quelques pas plus loin, mais qui est nettement plus large). Dans ce dilemme, j'inclus aussi le problème des randonneurs, qui parfois s'accaparent entièrement d'un espace et empêchent totalement les coureurs d'avancer (cas des escaliers qui mènent de l'amphithéâtre de saint Just au parc de la Visitation, dans lesquels il était impossible d'avancer à cause des randonneurs).

Deuxième dilemme: ou bien faire un parcours pratique, ou bien privilégier la dimension touristique. Lyon est une belle ville, avec un capital culturel et touristique et indéniable. Organisé avec la collaboration avec l'administration de Lyon, il va de soi que le parcours se doit de mettre en valeur ce capital. Le problème est que faire le choix de montrer ce capital en négligeant le reste peut donner lieu à des décisions en dépit du bon sens pratique si l'on prend le critère de la course. Exemple typique: le cas du pont de la feuillée, la passerelle qui relit l'homme de la roche du côté de Fourvière au quai saint Vincent sur la colline de la Croix-Rousse. Cela fait trois ans que je m'intéresse au parcours de l'Urban Trail, que je vois les coureurs passer dessus, et cette année, pour la première fois, je l'ai traversée. Eh bien, il y avait deux CRS (je leur adresse toute ma compassion), qui étaient chargés de sélectionner les groupes de coureurs pouvant traverser la passerelle, qui en dépit d'un débit faible (environ 20 coureurs par groupe pour chaque traversée), tanguait dans tous les sens. Encore un bouchon, encore une agglutination de coureurs, énervés par ces ralentissements fréquents, les empêchant de réaliser ce pour quoi ils ont payé et ce pour quoi ils se sont préparés. Et cela fait trois ans au moins que la même chose se répète. Même Thomas l'incrédule se serait rendu à l'évidence. Quelques problèmes de ce genre se sont posés ailleurs, mais je ne veux pas non plus accabler l'organisation. (Une vidéo sur l'épisode de la fameuse passerelle.)

Troisième dilemme: ou bien ouvrir Lyon aux coureurs, ou bien laisser la ville suivre son cours. Lyon est une ville qui, même le dimanche matin, est animée. C'est une vraie gageure que de préserver le bon fonctionnement de la ville et de permettre à la fois aux coureurs de se déplacer librement. L'avantage du trail, face à une course intra-muros plus classique telle que RunInLyon, c'est qu'il est possible et même fortement encouragé d'utiliser les endroits les plus accidentés. Et ce choix réduit assez logiquement le recours aux endroits très fréquentés. Et pourtant, les endroits fréquentés sont restés ouverts au bon fonctionnement de la ville. Nous avons donc couru la montée de la grande boucle, une immense saignée dans la Croix-Rousse, à côté des voitures et sur le trottoir. Même pour RunInLyon, des quais très fréquentés le dimanche matin (parce qu'ils sont occupés par des marchés) comme les quais de la pêcherie et saint Antoine, sont réservés aux coureurs. Là, même dans une rue peu fréquentée comme la rue d'Ypres, les coureurs doivent rester sur les trottoirs pour permettre aux voitures de passer. Ailleurs, il fallait partager les voies avec les voitures attendant aux feux de signalisation. Bien sûr, on dira que certaines parties étaient complètement réservées aux coureurs (la place des Terreaux par exemple). Et naturellement, j'acquiescerai à ces exemples et je reconnaîtrai la difficulté de la tâche. Mais tout de même… plus de 7000 personnes font le déplacement pour cet événement, je crois qu'un effort est encore possible.


L'organisation
C'est la partie la plus difficile à évaluer, car il faudrait au niveau pré-événementiel, déroulement et post-événementiel, avoir des indications sur le sponsoring, l'administration, la gestion de l'encadrement, la communication et les finances. Or je n'ai pas les pièces en mains pour pouvoir émettre un jugement fondé et pertinent. Bien sûr, le pré-événementiel me semble bien fait au niveau de la communication, car j'ai vu des affiches de l'Urban trail et des annonces un peu partout. Pour le reste, je n'en sais rien. Lors du déroulement, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'au départ, des sas en fonction des objectifs de temps, reste une manière assez pratique et facile de fluidifier le groupe des coureurs. Le reste? Pour la partie post-événementiel, je ne peux m'empêcher d'envoyer toute ma compassion aux bénévoles qui ont donné toute leur force pour nourrir des coureurs affamés ou rendre leur sac à ceux et celles qui ne pensaient plus qu'à quitter la place des Terreaux et qui piétinaient d'impatience. Si je devais une remarque générale et peut-être utile, elle porterait sur les sponsors. Je ne sais pas si les coureurs se rendent compte à quel point la gadgetisation de la course à pied encouragée par certains des sponsors directement ou indirectement, a des effets néfastes. Sur le plan économique: au niveau individuel, ça coûte cher et c'est une manière vraiment peu responsable d'investir son argent. Sur le plan psychologique: ça détourne les gens de leurs sensations et d'eux-mêmes, puisqu'ils ne se voient plus qu'à travers la médiatisation de leurs appareils. Sur le plan sportif: ça favorise le goût de la performance au détriment du plaisir et de l'exploration. Et surtout sur le plan écologique. En effet, que fait-on des montres qui ne marchent plus et de tout l'électronique? des chaussures techniques? des bidons de poudre à fort apport en glucides? des gels énergétiques? des mp3 dont on ne veut plus? Ce sont des déchets et encore des déchets à gérer, dont certains sont difficiles à traiter. Il faut éveiller les consciences face à ce problème. Et à mon avis, choisir des sponsors qui ne sont pas engagés dans cette voie-là, c'est une erreur. 
Le parcours était assez bien indiqué. Sauf à quelques endroits (notamment dans le parc de la visitation, au second ravitaillement, il y avait des pancartes vers les escaliers qui mènent dans la montée du télégraphe, alors que le plan indique qu'on devrait prendre la rue Roger Radisson avant d'aller vers la montée du télégraphe). 
Les bénévoles ont été incroyablement engagés, souriant et aidant. Il faut vraiment saluer leur investissement.

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