1) Le parcours (semi-marathon, 21km) et
l’organisation :
Départ de Bellecour, passage par Vaise, puis
l’hôtel de ville, le parc de la tête d’or, et enfin retour à Bellecour via
l’hôtel de ville.
Les points positifs :
·
Parcours plutôt roulant.
·
Accessible même à un débutant.
·
Grande quantité de ravitaillement
·
Volontaires très impliqués !
· L’introduction des sas a vraiment
fluidifié le déroulement de la course. Une bonne initiative.
Les points à améliorer :
·
Le village était moins intéressant
que l’année dernière.
·
On passe 3 fois devant l’hôtel de
ville. Quel est l’intérêt ?
· À croire que Lyon ne recèle que du
Parc de la tête d’or (lieu ennuyeux au possible pour un coureur qui se contente
de suivre les voies tracées) et des grandes avenues entre l’hôtel de ville et
Bellecour.
· Certains points du parcours ne
font pas sens. À quoi servent les virages en épingles ? De même les
zigs-zags dans le parc de la tête d’or ? En gros, on comprend bien la
structure générale du parcours (Bellecour, Vaise, Hôtel de ville, parc de la
tête d’or, retour Bellecour), mais la logique du détail n’est pas claire.
·
Diversifier les partenaires. On ne
voyait presque que Powerade. Or il y a des solutions plus saines et écologiques
que Powerade.
· La médaille du finisher a disparu
(sauf pour les marathoniens) ! A-t-elle été distribuée longtemps
après ?
·
La dimension familiale de
l’événement a disparu avec l’absence du km pour les enfants.
·
Pas assez de toilettes à
Bellecour !
·
L’abandon des marathoniens sur
Gerland.
2) Les participants :
Les points positifs :
·
Beaucoup de monde !
·
Beaucoup de courage parmi les
coureurs !
·
Du soutien chez les amis, la
famille et les inconnus.
·
De belles performances ! Mais
l’association Génération Oxygène est face à un dilemme. Si elle veut capter
l’élite internationale, obtenir des performances d’un standard supérieur, il
faut que certaines choses soient changées : mise au clair sur les
récompenses et les privilèges accordés à l’élite, parcours plus roulant
(pourquoi ne pas utiliser les berges de la Saône, de l’hôtel de Ville jusqu’à
Fontaine sur Saône)… Mais certaines mesures (comme les privilèges et
l’introduction d’un parcours peut-être moins concentré sur le centre de Lyon)
peuvent affecter la dimension locale de l’événement. Les Lyonnais viennent
parce qu’ils font un parcours dans une ville qu’ils connaissent et aiment.
Seront-ils aussi nombreux et engagés si le parcours s’écarte du centre ?
Ou si les prix d’entrée deviennent exorbitant pour pouvoir payer les récompenses
et les privilèges accordés à l’élite ?
Les points à améliorer :
·
Technique : mauvaise posture,
les pieds qui tapent durement le sol, des démarches boiteuses. Je ne parle pas
de gens handicapés, je parle de gens qui sont considérés comme étant
« fit », en forme, mais qui n’ont en vérité pas considéré les aspects
techniques de la course à pied, qui négligent les conséquences physiques de
leur manière de courir sur leurs corps. Doit-on s’étonner que des coureurs se
blessent, aient des inflammations dans les articulations, etc ? Il est
possible que ces problèmes soient engendrés par la gadgetisation de la course à
pied. Les gadgets prennent le dessus sur la technique. Si l’on suivait cette
tendance, il faudrait que les chaussures courent pour nous, qu’elles compensent
notre mauvaise technique, que les t-shirt techniques soient plus
thermorégulateur que notre transpiration elle-même.
·
Mauvaise alimentation : des
gens malades (virus ou estomac fragile ?), des gens qui ne tiennent pas la
durée de l’effort.
· Surtout, psychologiquement, un
problème posé par la nature même de l’événement : la performance. Au lieu
de regarder le paysage, de parler, de se soutenir, de courir avec plaisir, les
gens sont stressés de ne pas faire la performance qu’ils ont souhaitée
accomplir. Au lieu d’être un moment où le plaisir prend le dessus sur le reste,
on voit des gens qui souffrent pour réaliser un temps, des gens qui sont
stressés parce qu’ils ont peur de voir que les efforts qu’ils ont réalisé pour
accomplir leur performance ne soient réduits à néant. Du coup, courir devient
absurde. Pourquoi courir, si c’est une souffrance ?
· Un manque de soin et de
responsabilité de la part des coureurs. Ils doivent être plus responsables face
l’impact de la course sur l’environnement : i) ce n’est pas parce qu’il y
a des volontaires pour nettoyer le terrain, qu’un coureur a le droit –pendant,
avant ou après la course- de balancer négligemment ses déchets n’importe où, en
effet des poubelles –nombreuses- ont été mises à disposition des coureurs ;
ii) l’utilisation à outrance de gels ou de boissons énergétiques à la place de
produits naturels que notre corps est effectivement capable d’ingérer et qui
produisent nettement moins de déchets (ou dont les déchets sont biodégradables)
en étant tout aussi efficaces et au coût nettement moins élevés (le rendement
énergétique d’une poignée de myrtilles réduites en purée par un mixer, achetées
surgelées est équivalent à n’importe quel gel énergétique au prix exorbitant).
3) Ce que je pense de ce que j’ai fait et vécu :
3.1) l’entraînement, l’alimentation et les
chaussures
Jusqu’en juin 2011, mon entraînement
correspondait à un entraînement traditionnel de coureur : 5 séances de
courses à pied par semaine où s’enchaînaient, une séance de séquences
fractionnées, une séance longue distance, une séance de tempo run, une séance
de récupération et une séance libre. À cela s’ajoutait du Tai Chi Chuan et deux
séances de piscine par semaine.
En juin, mon entraînement –adapté pour une perf
de 1h20/25 environ au semi- a considérablement changé. C’est la conséquence de mon
interrogation sur les raisons qui me poussaient à courir. Je ne voulais ni
ressembler aux coureurs incapables de soulever leur propre poids ou de faire un
saut correct, ni aux body builders incapables de courir 2km, ni aux pratiquants
de fitness incapables de coordonner correctement leur geste, coupés de
l’environnement naturel, incapables de faire des exercices ailleurs que sur des
machines parce que leur imagination a été amputé de la notion de jeu, qui musclent
des parties du corps sans travailler la technique des mouvements et les
postures. Le manque d’utilité, de réalisme, et de jeu dans ce que je voyais et
faisais m’a conduit à prendre certaines décisions et à mettre au clair mon
rapport aux activités physiques. Je me suis tourné vers l’hébertisme, dont le
principe est « Être fort pour être utile » pour mes activités
physiques et ai dû mettre entre parenthèses mes ambitions en terme de
performance pour RuninLyon. Actuellement, mes activités physiques hebdomadaires
sont 2 séances de running (tempo run et run long), du combat (Tai Chi Chuan et
Systema), 3 séances inspirées de l’hébertisme en contexte urbain.
L’alimentation a aussi fait l’objet d’un
changement à cette période. J’ai complètement abandonné la doxa nutritionnelle
du sportif, qui met en avant les glucides comme ressource énergétique
préférentielle. Après des recherches en biologie et anthropologie
évolutionniste, il m’a semblé que la source énergétique préférentielle
naturelle est les acides gras (non-saturés), et que notre corps n’a absolument
pas besoin de glucides (il en tire de toute façon de la dégradation des
triclydérides et des protéines en quantité suffisante, et il n’y a aucun acides
aminés essentiels dans les glucides). Du coup, j’ai cessé complètement de
m’alimenter avec des pâtes, du riz, des légumineuses, etc. Les légumes et les
aliments très chargés en oméga 3 et 6 sont devenus les points importants de mon
alimentation. J’ai obligé mon corps à retrouver l’état qui fut celui de nos
ancêtres pendant des millions d’années et jusqu’à encore très récemment, la
kétogenèse. Autre point important, j’ai complètement cessé d’acheter et de
consommer des produits fabriqués spécialement pour les coureurs. Pour des
raisons écologiques, économiques, et physiologiques. J’utilise, pour les
sessions où je veux m’alimenter, des « purées » faites avec des baies
ou une boisson à base de graines de chia (eau, zeste de citron vert, graines de
chia, et une cuillère de sucre non raffiné parfois).
Dernier point, j’ai progressivement transitionné
de chaussures de running traditionnelles aux chaussures minimalistes (vibramfive fingers kso), parce qu’elles permettent d’utiliser optimalement ce bijou
de l’évolution qu’est le pied. Je n’utilisais mes chaussures traditionnelles
plus que pour le tempo run et j’alternais chaussures traditionnelles et vibram
pour les sorties longues. Pour le reste, je n'utilisais que mes Vibram. Du coup, j’ai fait de grand progrès en technique et
posture. Et une périostite persistante a disparu.
3.2) La semaine, le jour et les heures qui ont
précédé le semi :
Un jeûne de 24h pendant la semaine qui a précédé
RuninLyon (du lundi soir au mercredi matin). Pendant la semaine, je n’ai pas
couru. Sinon 3 séances hébertiennes, Tai Chi et Systema.
Le jour avant. Une sortie hébertienne le samedi matin :
locomotion, manipulation et combat. Alimentation : œufs et salade de tomates au
petit déjeuner, poisson blanc accompagné d’un mélange poivrons/tomates, haddock
avec échalotes, et salade le soir.
Le matin, 2 h avant le départ : une
carotte, des baies (cranberries), quelques bouchées de thon et une banane. Je
suis parti avec une poche à eau dans un sac à dos et une gourde portée à la
main, avec mon mélange à base de graines de chia. En guise d’échauffement, j’ai
fait un exercice de systema qui consiste à détendre toutes les articulations.
Puis j’ai fait des exercices de locomotion sur des escaliers (marcher en
arrière pour descendre ou monter, sauter une marche, grimper vite, cloche
pied…). J’ai utilisé mes Mizuno Wave Elixir 5 pour courir.
3.3) Pendant la course :
Je n’avais pas de plan de course autre que la
distribution de l’eau (tous les 3km) et de « ma boisson énergétique »
(tous les 8km), et l’exigence d’avoir un rythme de course régulier. Je n’ai pas
pris de montre. Je voulais seulement voir si mes hypothèses sur le changement
d’alimentation, la technique et l’entraînement étaient crédibles. Pour cela,
j’avais des critères subjectifs (le bien-être, le comportement vis-à-vis des
autres) et des critères objectifs (le temps, la posture).
3 critères ont été rempli correctement :
bien-être, comportement, et temps.
·
Je me suis senti à l’aise. Très
très à l’aise. À aucun moment, je ne me suis senti mal, je n’ai pas eu de
vision-tunnel sur mes mauvaises sensations.
·
Mon comportement vis-à-vis des
autres a bien reflété mon état intérieur et mes conceptions des activités
physiques. En effet, au km 12, j’ai rencontré un coureur en difficulté –un
parfait inconnu (le black derrière moi sur la photo)- et j’ai été son pacer jusqu’au bout, alors qu’il n’était pas
certain d’avoir les ressources nécessaires pour finir.
·
Enfin, mon temps n’est pas
mauvais : 21km, en 1h35 et 52s, sans avoir forcé, en m’adaptant à l’allure
d’un autre coureur. Certains diront que je ne suis pas allé jusqu’au bout de
moi-même. Je leur répondrai que mon but n’est pas de prouver que je peux faire
des prouesses ou que je suis invincible, mais de trouver les aspects à améliorer dans ce que je fais et pense, et de voir ce qui en moi permet d'aller chercher le meilleur chez autrui.
Le seul critère qui n’a pas été rempli, c’est la
posture. Le fait de porter mes Mizuno m’a considérablement gêné. Du coup, pendant
la soirée, j’ai souffert d’inflammations dans les articulations des jambes
(genoux, chevilles). Et dans les jours qui ont suivi j’ai eu comme des bleus ou
des noeuds dans les muscles des cuisses. Pourtant, j’ai appliqué des principes
techniques pendant la course, mais les chaussures m’ont obligé à changer de
posture et m’ont empêché d’absorber correctement la force de l’impact sur le
sol. J’ai donc décidé de faire la transition complète aux chaussures minimalistes
et au barefeet running, même si mes performances en pâtissent, parce qu’une
bonne technique, une bonne posture, et du plaisir valent infiniment plus qu’un bon temps.
Après la course : retrouver la famille et
les amis, faire un bon repas, puis se reposer. Prochain épisode le 7 octobre 2012.
(Crédit photo Camille P. et Maindru)
1 comment:
Une personne a laissé une vidéo sur Dailymotion montrant les déchets laissés par les coureurs: http://www.dailymotion.com/video/xlfpym_run-in-lyon-2011-objectif-degueulasser-la-ville_news.
Post a Comment