Saturday, 8 October 2011

Run in Lyon (2/10/2011)



1) Le parcours (semi-marathon, 21km) et l’organisation :
Départ de Bellecour, passage par Vaise, puis l’hôtel de ville, le parc de la tête d’or, et enfin retour à Bellecour via l’hôtel de ville.
Les points positifs :
·       Parcours plutôt roulant.
·       Accessible même à un débutant.
·       Grande quantité de ravitaillement
·       Volontaires très impliqués !
·     L’introduction des sas a vraiment fluidifié le déroulement de la course. Une bonne initiative.

Les points à améliorer :
·       Le village était moins intéressant que l’année dernière.
·       On passe 3 fois devant l’hôtel de ville. Quel est l’intérêt ?
·    À croire que Lyon ne recèle que du Parc de la tête d’or (lieu ennuyeux au possible pour un coureur qui se contente de suivre les voies tracées) et des grandes avenues entre l’hôtel de ville et Bellecour.
·      Certains points du parcours ne font pas sens. À quoi servent les virages en épingles ? De même les zigs-zags dans le parc de la tête d’or ? En gros, on comprend bien la structure générale du parcours (Bellecour, Vaise, Hôtel de ville, parc de la tête d’or, retour Bellecour), mais la logique du détail n’est pas claire.
·       Diversifier les partenaires. On ne voyait presque que Powerade. Or il y a des solutions plus saines et écologiques que Powerade.
·      La médaille du finisher a disparu (sauf pour les marathoniens) ! A-t-elle été distribuée longtemps après ?
·       La dimension familiale de l’événement a disparu avec l’absence du km pour les enfants.
·       Pas assez de toilettes à Bellecour !
·       L’abandon des marathoniens sur Gerland.

2) Les participants :
Les points positifs :
·       Beaucoup de monde !
·       Beaucoup de courage parmi les coureurs !
·       Du soutien chez les amis, la famille et les inconnus.
·       De belles performances ! Mais l’association Génération Oxygène est face à un dilemme. Si elle veut capter l’élite internationale, obtenir des performances d’un standard supérieur, il faut que certaines choses soient changées : mise au clair sur les récompenses et les privilèges accordés à l’élite, parcours plus roulant (pourquoi ne pas utiliser les berges de la Saône, de l’hôtel de Ville jusqu’à Fontaine sur Saône)… Mais certaines mesures (comme les privilèges et l’introduction d’un parcours peut-être moins concentré sur le centre de Lyon) peuvent affecter la dimension locale de l’événement. Les Lyonnais viennent parce qu’ils font un parcours dans une ville qu’ils connaissent et aiment. Seront-ils aussi nombreux et engagés si le parcours s’écarte du centre ? Ou si les prix d’entrée deviennent exorbitant pour pouvoir payer les récompenses et les privilèges accordés à l’élite ?

Les points à améliorer :
·       Technique : mauvaise posture, les pieds qui tapent durement le sol, des démarches boiteuses. Je ne parle pas de gens handicapés, je parle de gens qui sont considérés comme étant « fit », en forme, mais qui n’ont en vérité pas considéré les aspects techniques de la course à pied, qui négligent les conséquences physiques de leur manière de courir sur leurs corps. Doit-on s’étonner que des coureurs se blessent, aient des inflammations dans les articulations, etc ? Il est possible que ces problèmes soient engendrés par la gadgetisation de la course à pied. Les gadgets prennent le dessus sur la technique. Si l’on suivait cette tendance, il faudrait que les chaussures courent pour nous, qu’elles compensent notre mauvaise technique, que les t-shirt techniques soient plus thermorégulateur que notre transpiration elle-même.
·       Mauvaise alimentation : des gens malades (virus ou estomac fragile ?), des gens qui ne tiennent pas la durée de l’effort.
·   Surtout, psychologiquement, un problème posé par la nature même de l’événement : la performance. Au lieu de regarder le paysage, de parler, de se soutenir, de courir avec plaisir, les gens sont stressés de ne pas faire la performance qu’ils ont souhaitée accomplir. Au lieu d’être un moment où le plaisir prend le dessus sur le reste, on voit des gens qui souffrent pour réaliser un temps, des gens qui sont stressés parce qu’ils ont peur de voir que les efforts qu’ils ont réalisé pour accomplir leur performance ne soient réduits à néant. Du coup, courir devient absurde. Pourquoi courir, si c’est une souffrance ?
·      Un manque de soin et de responsabilité de la part des coureurs. Ils doivent être plus responsables face l’impact de la course sur l’environnement : i) ce n’est pas parce qu’il y a des volontaires pour nettoyer le terrain, qu’un coureur a le droit –pendant, avant ou après la course- de balancer négligemment ses déchets n’importe où, en effet des poubelles –nombreuses- ont été mises à disposition des coureurs ; ii) l’utilisation à outrance de gels ou de boissons énergétiques à la place de produits naturels que notre corps est effectivement capable d’ingérer et qui produisent nettement moins de déchets (ou dont les déchets sont biodégradables) en étant tout aussi efficaces et au coût nettement moins élevés (le rendement énergétique d’une poignée de myrtilles réduites en purée par un mixer, achetées surgelées est équivalent à n’importe quel gel énergétique au prix exorbitant).

3) Ce que je pense de ce que j’ai fait et vécu :

3.1) l’entraînement, l’alimentation et les chaussures
Jusqu’en juin 2011, mon entraînement correspondait à un entraînement traditionnel de coureur : 5 séances de courses à pied par semaine où s’enchaînaient, une séance de séquences fractionnées, une séance longue distance, une séance de tempo run, une séance de récupération et une séance libre. À cela s’ajoutait du Tai Chi Chuan et deux séances de piscine par semaine.
En juin, mon entraînement –adapté pour une perf de 1h20/25 environ au semi- a considérablement changé. C’est la conséquence de mon interrogation sur les raisons qui me poussaient à courir. Je ne voulais ni ressembler aux coureurs incapables de soulever leur propre poids ou de faire un saut correct, ni aux body builders incapables de courir 2km, ni aux pratiquants de fitness incapables de coordonner correctement leur geste, coupés de l’environnement naturel, incapables de faire des exercices ailleurs que sur des machines parce que leur imagination a été amputé de la notion de jeu, qui musclent des parties du corps sans travailler la technique des mouvements et les postures. Le manque d’utilité, de réalisme, et de jeu dans ce que je voyais et faisais m’a conduit à prendre certaines décisions et à mettre au clair mon rapport aux activités physiques. Je me suis tourné vers l’hébertisme, dont le principe est « Être fort pour être utile » pour mes activités physiques et ai dû mettre entre parenthèses mes ambitions en terme de performance pour RuninLyon. Actuellement, mes activités physiques hebdomadaires sont 2 séances de running (tempo run et run long), du combat (Tai Chi Chuan et Systema), 3 séances inspirées de l’hébertisme en contexte urbain.
L’alimentation a aussi fait l’objet d’un changement à cette période. J’ai complètement abandonné la doxa nutritionnelle du sportif, qui met en avant les glucides comme ressource énergétique préférentielle. Après des recherches en biologie et anthropologie évolutionniste, il m’a semblé que la source énergétique préférentielle naturelle est les acides gras (non-saturés), et que notre corps n’a absolument pas besoin de glucides (il en tire de toute façon de la dégradation des triclydérides et des protéines en quantité suffisante, et il n’y a aucun acides aminés essentiels dans les glucides). Du coup, j’ai cessé complètement de m’alimenter avec des pâtes, du riz, des légumineuses, etc. Les légumes et les aliments très chargés en oméga 3 et 6 sont devenus les points importants de mon alimentation. J’ai obligé mon corps à retrouver l’état qui fut celui de nos ancêtres pendant des millions d’années et jusqu’à encore très récemment, la kétogenèse. Autre point important, j’ai complètement cessé d’acheter et de consommer des produits fabriqués spécialement pour les coureurs. Pour des raisons écologiques, économiques, et physiologiques. J’utilise, pour les sessions où je veux m’alimenter, des « purées » faites avec des baies ou une boisson à base de graines de chia (eau, zeste de citron vert, graines de chia, et une cuillère de sucre non raffiné parfois).
Dernier point, j’ai progressivement transitionné de chaussures de running traditionnelles aux chaussures minimalistes (vibramfive fingers kso), parce qu’elles permettent d’utiliser optimalement ce bijou de l’évolution qu’est le pied. Je n’utilisais mes chaussures traditionnelles plus que pour le tempo run et j’alternais chaussures traditionnelles et vibram pour les sorties longues. Pour le reste, je n'utilisais que mes Vibram. Du coup, j’ai fait de grand progrès en technique et posture. Et une périostite persistante a disparu.

3.2) La semaine, le jour et les heures qui ont précédé le semi :
Un jeûne de 24h pendant la semaine qui a précédé RuninLyon (du lundi soir au mercredi matin). Pendant la semaine, je n’ai pas couru. Sinon 3 séances hébertiennes, Tai Chi et Systema.
Le jour avant. Une sortie hébertienne le samedi matin : locomotion, manipulation et combat. Alimentation : œufs et salade de tomates au petit déjeuner, poisson blanc accompagné d’un mélange poivrons/tomates, haddock avec échalotes, et salade le soir. 
Le matin, 2 h avant le départ : une carotte, des baies (cranberries), quelques bouchées de thon et une banane. Je suis parti avec une poche à eau dans un sac à dos et une gourde portée à la main, avec mon mélange à base de graines de chia. En guise d’échauffement, j’ai fait un exercice de systema qui consiste à détendre toutes les articulations. Puis j’ai fait des exercices de locomotion sur des escaliers (marcher en arrière pour descendre ou monter, sauter une marche, grimper vite, cloche pied…). J’ai utilisé mes Mizuno Wave Elixir 5 pour courir.

3.3) Pendant la course :
Je n’avais pas de plan de course autre que la distribution de l’eau (tous les 3km) et de « ma boisson énergétique » (tous les 8km), et l’exigence d’avoir un rythme de course régulier. Je n’ai pas pris de montre. Je voulais seulement voir si mes hypothèses sur le changement d’alimentation, la technique et l’entraînement étaient crédibles. Pour cela, j’avais des critères subjectifs (le bien-être, le comportement vis-à-vis des autres) et des critères objectifs (le temps, la posture).
3 critères ont été rempli correctement : bien-être, comportement, et temps.
·       Je me suis senti à l’aise. Très très à l’aise. À aucun moment, je ne me suis senti mal, je n’ai pas eu de vision-tunnel sur mes mauvaises sensations.
·       Mon comportement vis-à-vis des autres a bien reflété mon état intérieur et mes conceptions des activités physiques. En effet, au km 12, j’ai rencontré un coureur en difficulté –un parfait inconnu (le black derrière moi sur la photo)- et j’ai été son pacer jusqu’au bout, alors qu’il n’était pas certain d’avoir les ressources nécessaires pour finir.
·       Enfin, mon temps n’est pas mauvais : 21km, en 1h35 et 52s, sans avoir forcé, en m’adaptant à l’allure d’un autre coureur. Certains diront que je ne suis pas allé jusqu’au bout de moi-même. Je leur répondrai que mon but n’est pas de prouver que je peux faire des prouesses ou que je suis invincible, mais de trouver les aspects à améliorer dans ce que je fais et pense, et de voir ce qui en moi permet d'aller chercher le meilleur chez autrui.
Le seul critère qui n’a pas été rempli, c’est la posture. Le fait de porter mes Mizuno m’a considérablement gêné. Du coup, pendant la soirée, j’ai souffert d’inflammations dans les articulations des jambes (genoux, chevilles). Et dans les jours qui ont suivi j’ai eu comme des bleus ou des noeuds dans les muscles des cuisses. Pourtant, j’ai appliqué des principes techniques pendant la course, mais les chaussures m’ont obligé à changer de posture et m’ont empêché d’absorber correctement la force de l’impact sur le sol. J’ai donc décidé de faire la transition complète aux chaussures minimalistes et au barefeet running, même si mes performances en pâtissent, parce qu’une bonne technique, une bonne posture, et du plaisir valent infiniment plus qu’un bon temps.
Après la course : retrouver la famille et les amis, faire un bon repas, puis se reposer. Prochain épisode le 7 octobre 2012

(Crédit photo Camille P. et Maindru)

1 comment:

Mikolka said...

Une personne a laissé une vidéo sur Dailymotion montrant les déchets laissés par les coureurs: http://www.dailymotion.com/video/xlfpym_run-in-lyon-2011-objectif-degueulasser-la-ville_news.