« La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé ses sept colonnes… » (Proverbes, 9.1)
Le
système de respiration russe ou la respiration Systéma s’applique à
tout moment conscient de la vie ! On peut se demander comme un système
peut couvrir autant de choses. Après tout, la vie est faite de
variations à l’infini. Les principes présentés dans ce chapitre
procurent les fondements pour l’entraînement de la respiration et toutes
nos activités quotidiennes. Soyez bien conscients que notre
respiration est notre vie. C’est pourquoi, ces principes sont des
« Lois de vie » qui soutiennent et permettent d’aller au-delà de chaque
exercice. Ils s’appliquent à tout ce qui est présenté dans ce livre.
Je renverrai à ces principes au fur et à mesure de l’introduction des
activités et des entraînements spécifiques dans les chapitres qui
suivent.
Avant
d’aborder les principes, je voudrais m’attarder sur quelques idées
préalables. Le gros problème qu’on rencontre quand on doit utiliser nos
capacités dans la vie quotidienne est qu’on retient et qu’on entrave
notre respiration sans s’en rendre compte.
Alors pourquoi ne respirons-nous pas correctement ? Il y a deux types fondamentaux d’entraves :
(1) Le blocage psychologique de la respiration.
On
entrave souvent le cycle de la respiration en réponse à un /40/
[pagination de l'original] facteur stressant quand un événement
inattendu se présente (avec la tension de notre esprit ou une réaction
physique) ou à cause d’habitudes psychologiques, comme l’anxiété ou la
peur. Ces blocages peuvent être des réactions inconscientes à un
mouvement ou un son soudain, ou à une émotion intense. Même les actions
les plus simples peuvent provoquer des blocages de la respiration. Par
exemple, signer un chèque, mettre sa clé dans la serrure ou entendre
un bruit derrière soi peuvent nous conduire à des tensions et un
blocage de la respiration, même s’il n’y a pas de réelle menace.
(2) Le blocage physique de la respiration.
On
peut avoir des zones avec des limitations dans le corps. On peut
avoir des zones de tensions physiques, une maladie, une douleur ou une
fatigue qui entrave le flux naturel de la respiration. Les zones de
blocages physiques dues à des tensions, une mauvaise posture ou une
blessure peuvent persister pendant des années. Les pratiques de
respiration introduites dans ce livre peuvent nous aider à dépasser des
obstacles.
Votre attention s’il vous plaît !
La respiration du Systema met donc de l’importance sur deux conditions fondamentales :
|
Le premier objectif de ce livre est de vous aider à réaliser ces conditions fondamentales. Elles paraissent simples. Mais quand on est attentif à soi-même pendant des activités quotidiennes ou qu’on réalise les exercices enseignés dans ce livre, on se rend compte combien il est difficile de les remplir. Et on comprend alors quel pouvoir formidable pouvoir peut dériver de leur maîtrise.
La respiration du Systema comparé au Yoga et au Qi Gong.
D’un
point de vue historique, de nombreuses méthodes différentes pour
entraîner la respiration, le mouvement et la posture ont été enseignées.
Ces méthodes se présentent souvent avec un bagage historique
impressionnant, et sont souvent reliées aux traditions thérapeutiques et
religieuses de l’Inde et de la Chine. En chinois, qi gong se
réfère à une large famille de pratiques pour accroître l’énergie et
la santé grâce à /41/ la respiration et des mouvements précis. Les
pratiques du pranayama et du kundalini dans le yoga
indien incorporent de même des motifs de respiration accompagnés de
postures précises et des mouvements qui sont censés améliorer la santé
et la spiritualité. À cause du fait qu’elles utilisent la respiration,
ces pratiques peuvent superficiellement sembler similaires à
l’entraînement russe. En réalité pourtant, la philosophie, l’attention
et la pratique de la respiration du Systema diffèrent
fondamentalement de ces méthodes.
Les méthodes du yoga et du gi gong
cultivent graduellement une conscience de la respiration par de longues
séries de postures compliquées. Ces méthodes requièrent souvent une
concentration extraordinaire sur les états internes et un contrôle
physiologique extrême. En revanche, dans le système russe, la
respiration devance seule tout le reste.
Votre attention s’il vous plaît !
Tout ce qui est grand
est simple. Nous n’avons pas besoin de faire des activités extrêmes
qui s’écartent énormément de notre vie quotidienne. Nous avons déjà
tout ce qu’il nous faut sous la main.
|
Le
Systema nous apprend seulement à étendre notre conscience et l’usage
pratique de ce que nous avons déjà sous la main. La respiration du
Systema n’implique pas d’apprendre des postures physiques sophistiquées
ou complexes. Enfin, Mikhail ne se réfère pas plus à des canaux
imaginaires profonds d’énergie surnaturelle dans le corps, qu’il
n’implique dans sa méthode des concepts obscurs.
Les
postures, les exercices, et les procédures du Systema Ryabko sont
simples par leur structure et leur forme. Les bénéfices arrivent quand
on commence à mieux comprendre ses émotions, son esprit et son corps
naturels sous des conditions difficiles mais contrôlées. Les maîtres
russes reconnaissent que la réalité peut être dure à avaler. Certaines
personnes peuvent penser qu’elles peuvent atteindre un état mystique de
parfait équilibre physique et de hauteur d’esprit dans leur chambre
tranquille avec ses tapis moelleux, des chansons agréables en bruit de
fond et un parfum d’encens qui flotte dans les airs. Mais
savent-elles, ces personnes, ce qui restera de leur élévation et de
leur équilibre physique face au froid, à la faim ou face à un stress
extrème ? Comment /42/les expériences mystiques s’appliquent-elles
efficacement aux frustrations du travail ? à la fatigue due à
l’éducation des enfants, ou aux urgences de la self-défense ?
Personne
ne veut souffrir, mais un degré de stress contrôlé à l’entraînement
peut nous apprendre beaucoup de choses. La respiration Systema simule
en toute sécurité les stress extrêmes de la vie, ce qui permet d’y
faire face et de les dépasser dans les conditions aisées à manœuvrer
de l’environnement de l’entraînement, et, de cette manière, on se
prépare aux rencontres stressantes inévitables de la vie quotidienne.
Le
Systema propose des défis qui se situent à la limite de votre niveau
de force actuel. Et ils sont réalisés grâce à des postures et des
enchaînements connus de tous et dépourvus de tout danger. Ces postures
sont si simples que n’importe qui peut les réaliser, sans entraînement
spécifique préalable, et dans tout environnement ordinaire.
La circulation de la respiration
La
respiration est bien plus qu’un procès mécanique, bien plus que le
fait de remplir les poumons comme on le ferait de deux sacs d’air. Un
engin comme le soufflet pour le feu ou un poumon d’acier[1]
ont une fonction mécanique. Chez les êtres vivants cependant, la
respiration est processus chimique complexe qui engage toutes les
cellules de notre corps, à chaque respiration que nous faisons.
Quand
on s’entraîne à la respiration Systema, on commence à sentir cette
vérité que la respiration est le processus physiologique majeur de notre
corps. La respiration relie le système de respiration aux six autres
systèmes physiologiques majeurs (les systèmes circulatoire,
musculo-squelettique, nerveux, endocrine, digestif et génito-urinaire).
La respiration ne s’arrête pas aux poumons ! Quand on comprend cette
idée « simple » et qu’on commence à la sentir, on vient de passer une
étape majeure dans le chemin de son entraînement. L’inspiration
continue dans tous les tissus et l’expiration expulse les déchets de
tous les autres systèmes.
/43/ Les sept principes :
1. Le nez et la bouche.
Le principe de l’inspiration par le nez et de l’expiration par la bouche : pour tout exercice décrit dans ce livre, on doit toujours inspirer par le nez et expirer par la bouche.
Quand
on inspire par le nez, on se rend compte que le corps contrôle mieux
le volume et la vitesse de la prise d’air. En conséquence, les muscles
qui régissent les poumons ont tendance à être plus détendus, sans les
tressaillements et les à-coups irréguliers qui accompagnent
l’inspiration par la bouche. Cela permet de respirer d’une manière plus
complète.
Petite expérience à réaliser tout de suite !
Effectuez quelques
cycles de respiration longs et profonds. Au début, n’utilisez que la
bouche, puis changez et n’utilisez que le nez. Il y a de fortes
chances que vous sentiez de l’anxiété monter dans la poitrine quand
vous inspirez avec la bouche, notamment autour du cœur. En revanche,
vous aurez peut-être un sentiment de détente se répandre dans tout le
corps quand vous inspirez par le nez.
|
L'inspiration
par le nez est la première étape pour améliorer le contrôle de son
corps. Au cours d'une situation stressante, cette méthode de respiration
seule peut être utilisée pour calmer l'esprit et se préparer à
accomplir des actions importantes. Le nez effectue aussi une filtration
importante et une régulation de la température de l'air entrant.
Essayez
de faire la même comparaison avec l'expiration. On commencera à
sentir que l'expiration par la bouche permet d'avoir une expulsion de
l'air plus agréable et apaisante. L'expiration par le nez tend à
accroître l'anxiété et à produire le sentiment de ne pas réussir à
expirer assez rapidement ou assez complètement.
/44/
Même des expériences ordinaires avec des inspirations par le nez et
des expirations par la bouche peuvent montrer combien cette méthode est
naturelle. Ce principe s'applique aussi à toute session
d'entraînement en respiration Systéma, et aussi à toute situation
stressante de la vie. Bien sûr, nous savons tous qu'il y a des
situations sociales de la vie où l'expiration par la bouche n'est pas
des plus appropriées. A ces moments-là, il faut se rappeler les autres
idées utiles enseignées par Vladimir et Mikhail : adaptez-vous. Ne
soyez pas des extrémistes. Soyez normaux !
2. La direction
Le
principe de la direction par la respiration. La plupart des exercices
des respiration enseignés dans ce livre se fait en combinaison avec
une activité physique. La respiration et l'activité physique sont un
processus unifié. Cependant, quand on effectue une action physique, la
respiration est la composante la plus importante.
La
respiration Systéma suggère de débuter tout mouvement ou cycle
d'exercice avec une respiration (inspiration ou expiration) avant que le
mouvement physique ne commence. C'est seulement quand l'action de
respirer a commencé que le mouvement physique « accompagne ». Il devrait
y avoir un léger décalage entre la respiration et le mouvement
physique. On utilise sa respiration pour pousser ou tirer dans les
mouvements physiques.
Voyez
comment fonctionne le moteur d'un train. La plupart des moteurs de
train tire avec un attelage. C'est un dispositif spécial de liaison
situé entre les wagons qui permet au moteur de commencer son propre
mouvement,, puis à commencer graduellement à tirer les wagons suivants,
qui suivent le mouvement naturellement. Au final, tous les wagons du
train sont en mouvement, mais chacun avec un temps de décalage relatif à
son prédécesseur. Finalement, des milliers de tonnes de métal (la
totalité du train) cheminent en continu. De la même manière, la
respiration est un moteur qui doit exercer une traction directrice sur
le travail physique de votre corps.
Le
principe de la direction par la respiration nous rappelle que la
respiration a la priorité dans tout travail physique et dans tout
exercice de /45/ respiration Systéma. Il n'est pas question ici de faire
saillir ses muscles pour les faire admirer. Une respiration libre et
complète, comme on le verra dans les autres principes, est étouffée
par des tensions inconscientes ou indésirables ou du stress dans le
corps. Pour respirer correctement, on doit se détendre. On commence
toute activité par une respiration détendue.
3. La suffisance
Le
principe de l'apport suffisant. Une personne qui essaie de respirer
complètement et profondément inspire en général autant d'air qu'elle le
peut. Ca se comprend, mais c'est une erreur. Une inspiration trop
forcée provoque des tensions immédiates dans le cou et la zone des
clavicules. Cette pression, en retour, entrave la respiration. Le corps
peut alors complètement se fermer et être bloqué par cette pratique.
Au fil du temps, on finit avec une oxygénation inadéquate, utilisée de
manière inefficace.
C'est
pourquoi, on ne doit pas essayer d'inspirer autant d'air qu'on peut.
Au lieu de cela, on doit prendre autant d'air que nécessaire pour la
réalisation de la tâche dans laquelle on est engagée, juste ce qu'il
faut en air pour notre corps à un moment donné. Il faut essayer d'être
sensible aux demandes réelles du corps. On prend juste la quantité
suffisante en air, et on la fait passer en continu à toutes les parties
du corps. Cela permet de conserver un état de détente et rend
graduellement la respiration complète et appropriée pour la tâche ou la
situation. Mais on ne peut pas le faire si inversement on raccourcit
l'inspiration ou l'expiration.
Dans
la respiration naturelle du Systema, on reste détendu. Donc, sans
tension dans le cou et la zone des clavicules, sans forcer, on laisse
son corps inspirer autant qu'il le veut. En inspirant, on détend son
corps. En même temps, on essaie de sentir que l'air inspiré se répand
doucement et continûment dans la totalité du corps. Le souffle va se
diffuser naturellement dans les endroits du corps les plus souples et
détendus. Il se détournera des tensions et des zones endurcies. Après
une pause naturelle, lors de l'expiration, l'air sort doucement et en
continu dans toutes les zones du corps, sans forcer brutalement et sans
stress.
/46/ Petite expérience à réaliser tout de suite !
1. On inspire
complètement. On sent alors comment cela tend à faire trop monter la
partie supérieure des poumons, comment cela produit des tensions
dans le cou, les épaules, et les muscles de la poitrine. On expire.
2. On inspire autant
d'air qu'on en a besoin à ce moment précis. On remarque alors qu'on
ne se sent pas autant rempli, mais que l'inspiration est profonde et
calme. On expire.
3. On laisse la
respiration suivante se faire avec la même détente et le même calme
que la précédente. Si on a bien inspiré « juste ce qu'il faut » lors
du 2, on va inspirer naturellement un peu plus d'air, parce que les
muscles du haut du corps seront détendus, ce qui permet d'accroître
naturellement sans effort la capacité d'apport en air.
|
Si
on respire de cette façon, le corps commence à se détendre. Cela
permet au corps de se libérer lui-même de tensions chroniques. On se
rend compte aussi qu'on devient plus conscient de tensions qu'on
n'avait jamais remarqué consciemment auparavant. Les actes de
respiration deviennent plus longs et profonds. Cela conduit à augmenter
naturellement la quantité d'air inspirée. Quand cette augmentation
naturelle survient, on la laisse aller jusqu'au bout. Cette expansion
graduelle de la capacité de respiration est très différente d'une
inspiration forcée. Quand la capacité commence à s'étendre
naturellement, on ne met pas de bâton dans les roues à la respiration en
la supprimant ou en l'entravant !
4. La continuité.
Le
principe de la continuité de la respiration. La respiration ne doit
jamais être arrêtée, interrompue ou brimée. On inspire et on expire de
manière continue. On ne retient pas sa respiration et on ne l'arrête
pas, sauf si on a un objectif d'entraînement précis (comme on le verra
dans les chapitres suivants).
Pour
bien comprendre ce point, on peut penser à une situation de la vie
réelle où des arrêts de la respiration et des étouffements arrivent
souvent. Cela peut être une peur liée à une son inattendu (« Bouh ! »),
ou un mouvement brutal ou un faux pas. On peut aussi faire attention à
sa respiration quand on se concentre sur quelque chose, comme /47/
quand on insère un fil dans une aiguille, quand on compose un numéro de
téléphone, ou quand on verse le thé. Bloque-t-on sa respiration dans
ces moments-là ?
On
doit faire attention aux endroits du corps qui ont des contractures,
qui sont douloureuses ou fatiguées. On doit essayer de se rendre
compte si on respire librement dans chaque partie du corps. Parfois,
on arrive à sentir la tension qui bloque le flux de la respiration.
Quand on commence à faire les exercices de la respiration Systema, on
remarque de plus en plus les interruptions de la respiration et on
apprend à retrouver la continuité immédiatement. Apprendre à emmener
la respiration dans les zones où elle est bloquée ou interrompue est
un compétence clé dans la respiration du Systéma. Avec de la pratique,
on devrait réussir à sentir le flux continu de l'oxygène et de
l'énergie qu'il transporte.
5. Le pendule
Le
principe du mouvement pendulaire. Un pendule se meut selon un cycle
simple et continu, d'extension et de contraction, d'aller et retour. La
respiration est analogue à ce type de mouvement cyclique. Pensons à
l'extrême fin d'une oscillation du pendule. Il a l'air de s'arrêter
pendant une micro-seconde lors qu'il atteint son extension maximale.
Lors de la respiration, on devrait faire attention à la toute fin de
chaque acte d'inspiration et d'expiration. Le moment juste avant que
l'acte d'inspiration ou d'expiration n'atteigne sa complétion est très
important. La toute fin d'un acte d'inspiration est quand le plus grand
flux d'oxygène et d'énergie s'est répandu dans les tissus du corps.
Le
principe du mouvement pendulaire de la respiration du Systema
enseigne que la respiration doit être continue et stable. On ne
commence pas à expirer avant d'avoir fini son inspiration et
vice-versa.
Cet
exercice nous aide à « avoir la sensation » du point de renversement.
On apprend par l'expérience qu'on peut repousser les derniers moments
d'une inspiration et d'une expiration naturellement et sans forcer.
Si les derniers moments d'une inspiration et d'une expiration manquent
/48/ ou sont bâclés, ou accélérés, la respiration ne sera pas
continue.
Imaginons
un pendule qui se heurte à un obstacle avant d'atteindre la fin
naturelle de son oscillation. Après cet impact, il sera forcé de changer
de direction brutalement. C’est un exemple de changement forcé. Mais
si le pendule bouge librement, sans entrave, alors, après avoir
atteint la fin de son mouvement dans une direction, il changera son
mouvement pour l'autre direction en continu. La position du pendule à
l'extrême fin est comme la pause naturelle de respiration (sans arrêt
forcé) qui se situe entre l'inspiration et l'expiration.
Petite expérience à réaliser tout de suite !
1. À partir d'une position détendue (assise ou debout normalement), rester détendu et inspirer une quantité confortable d'air.
2. Quand on sent que
l'inspiration atteint sa complétion naturelle, prolonger
délicatement l'inspiration un tout petit peu plus, confortablement,
sans produire des tensions perceptibles.
3. Quand on sent que
prolonger l'inspiration produirait des tensions, laisser le cycle se
renverser naturellement en commençant l'expiration.
4. À la fin de l'expiration, sentir la pause naturelle avant de continuer au rythme normal.
|
6. L'indépendance
Le
principe d'indépendance de la respiration. Les actions physiques ne
devraient pas être invariablement liées à une seule phase de la
respiration (inspiration, expiration ou pause). On devrait éviter de
former une habitude d'entraînement où on lierait toujours une
inspiration ou une expiration à une activité particulière.
Par
exemple, imaginons qu'on soit au milieu d'un combat et qu'on ait
besoin de frapper. Cela peut arriver au milieu d'une inspiration
naturelle. Mais si l'entraînement préalable a créé une puissante
habitude de frapper seulement sur l'expiration, on peut être retardé ou
désorienté /49/ dans notre réponse, ou on va simplement rater la
réalisation de notre frappe. La dépendance aux habitudes comme ce qu'on
vient de voir peut produire des interruptions dans la respiration,
des arrêts de la respiration, des hésitations dans le mouvement, une
perte d'énergie, une perte d'équilibre, et d'autres conséquences
néfastes.
Pour
éviter ces habitudes néfastes et rendre notre respiration vraiment
indépendante de nos actions, on peut faire des exercices de respiration
avec des changements fréquents dans les phases respiratoires. Par
exemple, si on fait des pompes (voir le chapitre 5) en abaissant le
corps sur l'inspiration et en remontant le corps sur l'expiration, on
devrait faire le même nombre de pompes avec les phases respiratoires
inversées (abaisser le corps sur l'expiration et remonter le corps sur
l'inspiration). Soyez attentifs aux bons exercices qui développent
l'indépendance de la respiration qui sont présentés dans les chapitres
suivants.
7. L'absence de tension
Le
principe d'absence de tension. Comme on l'a vu plus haut, tous les
exercices décrits dans ce chapitre sont destinés à contrôler la
respiration, détendre le corps, renforcer les tendons et les ligaments,
et, plus important encore, renforcer notre psyché. Nos muscles ne
doivent être engagés le moins possible. Cela signifie que le corps doit
être détendu tout le temps, même lorsqu'il accomplit les tâches les
plus difficiles (comme relever le corps lors d'une pompe). On a besoin
de vérifier notre état de détente, surtout quand on débute. Si nos
muscles sont trop impliqués, ou si on tend inconsciemment des muscles
qui ne sont pas impliqués par un exercice particulier, on va se
fatiguer très rapidement. La détente nous permet de pratiquer assez
longtemps pour pouvoir commencer le travail sérieux de la respiration.
Le principe d'absence de tension sera expliqué et illustré en
profondeur dans les chapitres qui suivent.
Des indications supplémentaires
Les
sept principes sont le coeur et l'âme de la respiration du Systema.
On peut ajouter d'autres idées d'entraînement et quelques bons
conseils d'entraînement qui s'appliqueront à la plupart des méthodes
de pratique. Ils seront introduits petit-à-petit au cours du livre, là
où ils seront nécessaires. Mais pour l'heure, voici quelques idées
d'entraînement en plus qui complètent les sept principes.
/50/ La respiration audible
Une
bonne manière de comprendre le principe de la continuité de la
respiration est de percevoir sa respiration avec la « respiration
audible ». Pendant la respiration audible, on produit un léger son en
inspirant ou expirant. Cela nous permet de faire plus attention à notre
respiration. La respiration audible permet aussi de vaincre des
blocages de la respiration dans des endroits douloureux, stressés, où
la respiration n’arrive pas à aller.
La
respiration audible ne signifie pas qu'on fait des bruits violents et
forts. Elle n'implique pas que la respiration vienne de la gorge. Une
respiration trop sonore peut devenir trop forcée, et provoquer des
vertiges, des tensions et d'autres sensations peu agréables. La
respiration audible devrait toujours sonner (et être ressentie comme)
une personne qui essaie délicatement de dissiper une douleur et soulager
une fatigue, dans une partie quelconque du corps. Elle est similaire
aux bruits qu'on fait instinctivement quand on soulève quelque chose
de lourd, ou qu'on s'assied après un dur labeur. Ce sont des réponses
de détentes naturelles de la respiration, de la voix et du corps.
Quand
on débute la respiration audible, elle peut être perçue par un voisin
proche (quand on la pratique). Mais, avec le temps, avec plus de
maîtrise, la respiration devient de plus en plus calme. Progressivement,
le son va devenir de plus en plus doux, jusqu'à ce que les
observateurs ne puissent plus rien entendre du tout. On aura alors
vraiment atteint un bel objectif !
Un principe original
Maintenant
je vais introduire un dernier « principe » original : Appréciez ce
que vous faites ! Mikhail veut dire par cela qu'il ne sert à rien
d'être un intégriste. Souriez quand vous explorez vos limites. Soyez
heureux quand vous voyez que vos capacités progressent. La joie vient
de faire des choses justes dans la vie. Pour faire des choses justes
pour autrui, on doit devenir un individu en bonne santé, fort et
humble. Tirer le meilleur de soi-même exige la maîtrise de la
respiration. Il faut juste se souvenir qu'on doit s'amuser en cours de
route.
[1] Iron Lung
ou le poumon d’acier en français est un appareil d’assistance
respiratoire non invasif inventé en 1928 par Philip Drinker et Louis
Agassiz Shaw (Harvard Medical School). Avec l’apparition des
intubations, il est tombé en désuétude et est utilisé seulement pour des
cas rares et précis. Le patient est installé dans une chambre
centrale, un tambour cylindrique en acier. La tête est installée dans
un compartiment scellé étanche. Des pompes augmentent et diminuent de
périodique la pression atmosphétique à l’intérieur de la chambre. Quand
la pression descend en dessous de celle des poumons, l’air extérieur
est aspiré par les voies aériennes supérieures et transmis aux
poumons. Quand la pression remonte au-dessus de celle des poumons,
l’air est expulsé (ndt).
Scott Meredith & Vladimir Vasiliev (2006), Let Every Breath, chapitre 3.
Traduction : Mikolka (2013)