« La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé ses sept colonnes… » (Proverbes, 9.1)
Le
   système de respiration russe ou la respiration Systéma s’applique à  
 tout moment conscient de la vie ! On peut se demander comme un système 
  peut couvrir autant de choses. Après tout, la vie est faite de   
variations à l’infini. Les principes présentés dans ce chapitre   
procurent les fondements pour l’entraînement de la respiration et toutes
   nos activités quotidiennes. Soyez bien conscients que notre  
respiration  est notre vie. C’est pourquoi, ces principes sont des  
« Lois de vie »  qui soutiennent et permettent d’aller au-delà de chaque
  exercice. Ils  s’appliquent à tout ce qui est présenté dans ce livre. 
 Je renverrai à  ces principes au fur et à mesure de l’introduction des 
 activités et des  entraînements spécifiques dans les chapitres qui  
suivent.
Avant
   d’aborder les principes, je voudrais m’attarder sur quelques idées   
préalables. Le gros problème qu’on rencontre quand on doit utiliser nos 
  capacités dans la vie quotidienne est qu’on retient et qu’on entrave  
 notre respiration sans s’en rendre compte.
Alors pourquoi ne respirons-nous pas correctement ? Il y a deux types fondamentaux d’entraves :
(1) Le blocage psychologique de la respiration.
On
   entrave souvent le cycle de la respiration en réponse à un /40/   
[pagination de l'original] facteur stressant quand un événement   
inattendu se présente (avec la tension de notre esprit ou une réaction  
 physique) ou à cause d’habitudes psychologiques, comme l’anxiété ou la 
  peur. Ces blocages peuvent être des réactions inconscientes à un   
mouvement ou un son soudain, ou à une émotion intense. Même les actions 
  les plus simples peuvent provoquer des blocages de la respiration. Par
   exemple, signer un chèque, mettre sa clé dans la serrure ou entendre 
un   bruit derrière soi peuvent nous conduire à des tensions et un 
blocage  de  la respiration, même s’il n’y a pas de réelle menace.
(2) Le blocage physique de la respiration.
On
   peut avoir des zones avec des limitations dans le corps. On peut 
avoir   des zones de tensions physiques, une maladie, une douleur ou une
  fatigue  qui entrave le flux naturel de la respiration. Les zones de  
blocages  physiques dues à des tensions, une mauvaise posture ou une  
blessure  peuvent persister pendant des années. Les pratiques de  
respiration  introduites dans ce livre peuvent nous aider à dépasser des
  obstacles.
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Votre attention s’il   vous plaît ! 
La respiration du Systema met donc de l’importance sur deux   conditions fondamentales : 
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Le premier objectif de ce livre est de vous aider à réaliser ces conditions fondamentales. Elles paraissent simples. Mais quand on est attentif à soi-même pendant des activités quotidiennes ou qu’on réalise les exercices enseignés dans ce livre, on se rend compte combien il est difficile de les remplir. Et on comprend alors quel pouvoir formidable pouvoir peut dériver de leur maîtrise.
La respiration du Systema comparé au Yoga et au Qi Gong.
D’un
   point de vue historique, de nombreuses méthodes différentes pour   
entraîner la respiration, le mouvement et la posture ont été enseignées.
   Ces méthodes se présentent souvent avec un bagage historique   
impressionnant, et sont souvent reliées aux traditions thérapeutiques et
   religieuses de l’Inde et de la Chine. En chinois, qi gong se
   réfère à une large famille de pratiques pour accroître l’énergie et 
la   santé grâce à /41/ la respiration et des mouvements précis. Les   
pratiques du pranayama et du kundalini dans le yoga   
indien incorporent de même des motifs de respiration accompagnés de   
postures précises et des mouvements qui sont censés améliorer la santé  
 et la spiritualité. À cause du fait qu’elles utilisent la respiration, 
  ces pratiques peuvent superficiellement sembler similaires à 
  l’entraînement russe. En réalité pourtant, la philosophie, l’attention
   et la pratique de la respiration du Systema diffèrent 
fondamentalement   de ces méthodes.
Les méthodes du yoga et du gi gong
 cultivent graduellement une conscience de la respiration par de longues
   séries de postures compliquées. Ces méthodes requièrent souvent une  
 concentration extraordinaire sur les états internes et un contrôle   
physiologique extrême. En revanche, dans le système russe, la   
respiration devance seule tout le reste.
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Votre attention s’il   vous plaît ! 
Tout ce qui est grand
 est simple. Nous n’avons pas   besoin de   faire des activités extrêmes
 qui s’écartent énormément de   notre vie   quotidienne. Nous avons déjà
 tout ce qu’il nous faut sous la   main. 
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Le
   Systema nous apprend seulement à étendre notre conscience et l’usage 
  pratique de ce que nous avons déjà sous la main. La respiration du   
Systema n’implique pas d’apprendre des postures physiques sophistiquées 
  ou complexes. Enfin, Mikhail ne se réfère pas plus à des canaux   
imaginaires profonds d’énergie surnaturelle dans le corps, qu’il   
n’implique dans sa méthode des concepts obscurs.
Les
   postures, les exercices, et les procédures du Systema Ryabko sont   
simples par leur structure et leur forme. Les bénéfices arrivent quand  
 on commence à mieux comprendre ses émotions, son esprit et son corps   
naturels sous des conditions difficiles mais contrôlées. Les maîtres   
russes reconnaissent que la réalité peut être dure à avaler. Certaines  
 personnes peuvent penser qu’elles peuvent atteindre un état mystique de
   parfait équilibre physique et de hauteur d’esprit dans leur chambre  
 tranquille avec ses tapis moelleux, des chansons agréables en bruit de 
  fond et un parfum d’encens qui flotte dans les airs. Mais 
savent-elles,   ces personnes, ce qui restera de leur élévation et de 
leur équilibre   physique face au froid, à la faim ou face à un stress 
extrème ? Comment   /42/les expériences mystiques s’appliquent-elles 
efficacement aux   frustrations du travail ? à la fatigue due à 
l’éducation des enfants, ou   aux urgences de la self-défense ?
Personne
   ne veut souffrir, mais un degré de stress contrôlé à l’entraînement  
 peut nous apprendre beaucoup de choses. La respiration Systema simule 
en   toute sécurité les stress extrêmes de la vie, ce qui permet d’y 
faire   face et de les dépasser dans les conditions aisées à manœuvrer 
de   l’environnement de l’entraînement, et, de cette manière, on se 
prépare   aux rencontres stressantes inévitables de la vie quotidienne.
Le
   Systema propose des défis qui se situent à la limite de votre niveau 
 de  force actuel. Et ils sont réalisés grâce à des postures et des   
enchaînements connus de tous et dépourvus de tout danger. Ces postures  
 sont si simples que n’importe qui peut les réaliser, sans entraînement 
  spécifique préalable, et dans tout environnement ordinaire.
La circulation de la respiration
La
   respiration est bien plus qu’un procès mécanique, bien plus que le  
fait  de remplir les poumons comme on le ferait de deux sacs d’air. Un  
engin  comme le soufflet pour le feu ou un poumon d’acier[1]
 ont une fonction mécanique. Chez les êtres vivants cependant, la   
respiration est processus chimique complexe qui engage toutes les   
cellules de notre corps, à chaque respiration que nous faisons.
Quand
   on s’entraîne à la respiration Systema, on commence à sentir cette   
vérité que la respiration est le processus physiologique majeur de notre
   corps. La respiration relie le système de respiration aux six autres 
  systèmes physiologiques majeurs (les systèmes circulatoire,   
musculo-squelettique, nerveux, endocrine, digestif et génito-urinaire). 
  La respiration ne s’arrête pas aux poumons ! Quand on comprend cette  
 idée « simple » et qu’on commence à la sentir, on vient de passer une  
 étape majeure dans le chemin de son entraînement. L’inspiration 
continue   dans tous les tissus et l’expiration expulse les déchets de 
tous les   autres systèmes.
/43/ Les sept principes :
1. Le nez et la bouche.
Le principe de l’inspiration par le nez et de l’expiration par la bouche : pour tout exercice décrit dans ce livre, on doit toujours inspirer par le nez et expirer par la bouche.
Quand
   on inspire par le nez, on se rend compte que le corps contrôle mieux 
 le  volume et la vitesse de la prise d’air. En conséquence, les muscles
  qui  régissent les poumons ont tendance à être plus détendus, sans les
   tressaillements et les à-coups irréguliers qui accompagnent   
l’inspiration par la bouche. Cela permet de respirer d’une manière plus 
  complète.
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Petite expérience à   réaliser tout de suite ! 
Effectuez quelques 
cycles de respiration longs et   profonds.   Au début, n’utilisez que la
 bouche, puis changez et   n’utilisez que le nez. Il   y a de fortes 
chances que vous sentiez de   l’anxiété monter dans la poitrine   quand 
vous inspirez avec la bouche,   notamment autour du cœur. En revanche,  
 vous aurez peut-être un   sentiment de détente se répandre dans tout le
 corps   quand vous   inspirez par le nez. 
 | 
L'inspiration
   par le nez est la première étape pour améliorer le contrôle de son   
corps. Au cours d'une situation stressante, cette méthode de respiration
   seule peut être utilisée pour calmer l'esprit et se préparer à   
accomplir des actions importantes. Le nez effectue aussi une filtration 
  importante et une régulation de la température de l'air entrant.
Essayez
   de faire la même comparaison avec l'expiration. On commencera à 
sentir   que l'expiration par la bouche permet d'avoir une expulsion de 
l'air   plus agréable et apaisante. L'expiration par le nez tend à 
accroître   l'anxiété et à produire le sentiment de ne pas réussir à 
expirer assez   rapidement ou assez complètement.
/44/
   Même des expériences ordinaires avec des inspirations par le nez et  
des  expirations par la bouche peuvent montrer combien cette méthode est
   naturelle. Ce principe s'applique aussi à toute session 
d'entraînement   en respiration Systéma, et aussi à toute situation 
stressante de la  vie.  Bien sûr, nous savons tous qu'il y a des 
situations sociales de la  vie  où l'expiration par la bouche n'est pas 
des plus appropriées. A  ces  moments-là, il faut se rappeler les autres
 idées utiles enseignées  par  Vladimir et Mikhail : adaptez-vous. Ne 
soyez pas des extrémistes.  Soyez  normaux !
2. La direction
Le
   principe de la direction par la respiration. La plupart des exercices
   des respiration enseignés dans ce livre se fait en combinaison avec 
une   activité physique. La respiration et l'activité physique sont un  
 processus unifié. Cependant, quand on effectue une action physique, la 
  respiration est la composante la plus importante.
La
   respiration Systéma suggère de débuter tout mouvement ou cycle   
d'exercice avec une respiration (inspiration ou expiration) avant que le
   mouvement physique ne commence. C'est seulement quand l'action de   
respirer a commencé que le mouvement physique « accompagne ». Il devrait
   y avoir un léger décalage entre la respiration et le mouvement   
physique. On utilise sa respiration pour pousser ou tirer dans les   
mouvements physiques.
Voyez
   comment fonctionne le moteur d'un train. La plupart des moteurs de   
train tire avec un attelage. C'est un dispositif spécial de liaison   
situé entre les wagons qui permet au moteur de commencer son propre   
mouvement,, puis à commencer graduellement à tirer les wagons suivants, 
  qui suivent le mouvement naturellement. Au final, tous les wagons du  
 train sont en mouvement, mais chacun avec un temps de décalage relatif à
   son prédécesseur. Finalement, des milliers de tonnes de métal (la   
totalité du train) cheminent en continu. De la même manière, la   
respiration est un moteur qui doit exercer une traction directrice sur  
 le travail physique de votre corps.
Le
   principe de la direction par la respiration nous rappelle que la   
respiration a la priorité dans tout travail physique et dans tout   
exercice de /45/ respiration Systéma. Il n'est pas question ici de faire
   saillir ses muscles pour les faire admirer. Une respiration libre et 
  complète, comme on le verra dans les autres principes, est étouffée 
par   des tensions inconscientes ou indésirables ou du stress dans le 
corps.   Pour respirer correctement, on doit se détendre. On commence 
toute   activité par une respiration détendue.
3. La suffisance
Le
   principe de l'apport suffisant. Une personne qui essaie de respirer  
 complètement et profondément inspire en général autant d'air qu'elle le
   peut. Ca se comprend, mais c'est une erreur. Une inspiration trop  
forcée  provoque des tensions immédiates dans le cou et la zone des  
clavicules.  Cette pression, en retour, entrave la respiration. Le corps
  peut alors  complètement se fermer et être bloqué par cette pratique. 
 Au fil du  temps, on finit avec une oxygénation inadéquate, utilisée de
  manière  inefficace.
C'est
   pourquoi, on ne doit pas essayer d'inspirer autant d'air qu'on peut. 
 Au  lieu de cela, on doit prendre autant d'air que nécessaire pour la  
 réalisation de la tâche dans laquelle on est engagée, juste ce qu'il   
faut en air pour notre corps à un moment donné. Il faut essayer d'être  
 sensible aux demandes réelles du corps. On prend juste la quantité   
suffisante en air, et on la fait passer en continu à toutes les parties 
  du corps. Cela permet de conserver un état de détente et rend   
graduellement la respiration complète et appropriée pour la tâche ou la 
  situation. Mais on ne peut pas le faire si inversement on raccourcit  
 l'inspiration ou l'expiration.
Dans
   la respiration naturelle du Systema, on reste détendu. Donc, sans   
tension dans le cou et la zone des clavicules, sans forcer, on laisse   
son corps inspirer autant qu'il le veut. En inspirant, on détend son   
corps. En même temps, on essaie de sentir que l'air inspiré se répand   
doucement et continûment dans la totalité du corps. Le souffle va se   
diffuser naturellement dans les endroits du corps les plus souples et   
détendus. Il se détournera des tensions et des zones endurcies. Après   
une pause naturelle, lors de l'expiration, l'air sort doucement et en   
continu dans toutes les zones du corps, sans forcer brutalement et sans 
  stress.
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/46/ Petite   expérience à réaliser tout de suite ! 
1. On inspire 
complètement. On sent alors comment   cela tend   à faire trop monter la
 partie supérieure des poumons,   comment cela produit   des tensions 
dans le cou, les épaules, et les   muscles de la poitrine. On   expire. 
2. On inspire autant 
d'air qu'on en a besoin à ce   moment   précis. On remarque alors qu'on 
ne se sent pas autant rempli,   mais que   l'inspiration est profonde et
 calme. On expire. 
3. On laisse la 
respiration suivante se faire avec la   même   détente et le même calme 
que la précédente. Si on a bien  inspiré  « juste   ce qu'il faut » lors
 du 2, on va inspirer  naturellement un  peu plus   d'air, parce que les
 muscles du haut du  corps seront  détendus, ce qui permet   d'accroître
 naturellement sans  effort la  capacité d'apport en air. 
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Si
   on respire de cette façon, le corps commence à se détendre. Cela  
permet  au corps de se libérer lui-même de tensions chroniques. On se  
rend  compte aussi qu'on devient plus conscient de tensions qu'on  
n'avait  jamais remarqué consciemment auparavant. Les actes de  
respiration  deviennent plus longs et profonds. Cela conduit à augmenter
   naturellement la quantité d'air inspirée. Quand cette augmentation   
naturelle survient, on la laisse aller jusqu'au bout. Cette expansion   
graduelle de la capacité de respiration est très différente d'une   
inspiration forcée. Quand la capacité commence à s'étendre   
naturellement, on ne met pas de bâton dans les roues à la respiration en
   la supprimant ou en l'entravant !
4. La continuité.
Le
   principe de la continuité de la respiration. La respiration ne doit  
 jamais être arrêtée, interrompue ou brimée. On inspire et on expire de 
  manière continue. On ne retient pas sa respiration et on ne l'arrête  
 pas, sauf si on a un objectif d'entraînement précis (comme on le verra 
  dans les chapitres suivants).
Pour
   bien comprendre ce point, on peut penser à une situation de la vie   
réelle où des arrêts de la respiration et des étouffements arrivent   
souvent. Cela peut être une peur liée à une son inattendu (« Bouh ! »), 
  ou un mouvement brutal ou un faux pas. On peut aussi faire attention à
   sa respiration quand on se concentre sur quelque chose, comme /47/  
quand  on insère un fil dans une aiguille, quand on compose un numéro de
   téléphone, ou quand on verse le thé. Bloque-t-on sa respiration dans 
 ces  moments-là ?
On
   doit faire attention aux endroits du corps qui ont des contractures, 
  qui sont douloureuses ou fatiguées. On doit essayer de se rendre 
compte   si on respire librement dans chaque partie du corps. Parfois, 
on arrive  à  sentir la tension qui bloque le flux de la respiration. 
Quand on   commence à faire les exercices de la respiration Systema, on 
remarque de   plus en plus les interruptions de la respiration et on 
apprend à   retrouver la continuité immédiatement. Apprendre à emmener 
la   respiration dans les zones où elle est bloquée ou interrompue est 
un   compétence clé dans la respiration du Systéma. Avec de la pratique,
 on   devrait réussir à sentir le flux continu de l'oxygène et de 
l'énergie   qu'il transporte.
5. Le pendule
Le
   principe du mouvement pendulaire. Un pendule se meut selon un cycle  
 simple et continu, d'extension et de contraction, d'aller et retour. La
   respiration est analogue à ce type de mouvement cyclique. Pensons à  
 l'extrême fin d'une oscillation du pendule. Il a l'air de s'arrêter   
pendant une micro-seconde lors qu'il atteint son extension maximale.   
Lors de la respiration, on devrait faire attention à la toute fin de   
chaque acte d'inspiration et d'expiration. Le moment juste avant que   
l'acte d'inspiration ou d'expiration n'atteigne sa complétion est très  
 important. La toute fin d'un acte d'inspiration est quand le plus grand
   flux d'oxygène et d'énergie s'est répandu dans les tissus du corps.
Le
   principe du mouvement pendulaire de la respiration du Systema 
enseigne   que la respiration doit être continue et stable. On ne 
commence pas à   expirer avant d'avoir fini son inspiration et 
vice-versa.
Cet
   exercice nous aide à « avoir la sensation » du point de renversement.
   On apprend par l'expérience qu'on peut repousser les derniers moments
   d'une inspiration et d'une expiration naturellement et sans forcer. 
Si   les derniers moments d'une inspiration et d'une expiration manquent
 /48/   ou sont bâclés, ou accélérés, la respiration ne sera pas 
continue.
Imaginons
   un pendule qui se heurte à un obstacle avant d'atteindre la fin   
naturelle de son oscillation. Après cet impact, il sera forcé de changer
   de direction brutalement. C’est un exemple de changement forcé. Mais 
 si  le pendule bouge librement, sans entrave, alors, après avoir 
atteint  la  fin de son mouvement dans une direction, il changera son 
mouvement  pour  l'autre direction en continu. La position du pendule à 
l'extrême  fin  est comme la pause naturelle de respiration (sans arrêt 
forcé) qui  se  situe entre l'inspiration et l'expiration.
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Petite expérience à   réaliser tout de suite ! 
1. À partir d'une position détendue (assise ou debout   normalement), rester détendu et inspirer une quantité confortable d'air. 
2. Quand on sent que 
l'inspiration atteint sa   complétion   naturelle, prolonger 
délicatement l'inspiration un tout   petit peu plus,   confortablement, 
sans produire des tensions   perceptibles. 
3. Quand on sent que 
prolonger l'inspiration   produirait des   tensions, laisser le cycle se
 renverser naturellement   en commençant   l'expiration. 
4. À la fin de l'expiration, sentir la pause naturelle avant   de continuer au rythme normal. 
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6. L'indépendance
Le
   principe d'indépendance de la respiration. Les actions physiques ne  
 devraient pas être invariablement liées à une seule phase de la   
respiration (inspiration, expiration ou pause). On devrait éviter de   
former une habitude d'entraînement où on lierait toujours une   
inspiration ou une expiration à une activité particulière.
Par
   exemple, imaginons qu'on soit au milieu d'un combat et qu'on ait  
besoin  de frapper. Cela peut arriver au milieu d'une inspiration  
naturelle.  Mais si l'entraînement préalable a créé une puissante  
habitude de  frapper seulement sur l'expiration, on peut être retardé ou
  désorienté  /49/ dans notre réponse, ou on va simplement rater la  
réalisation de  notre frappe. La dépendance aux habitudes comme ce qu'on
  vient de voir  peut produire des interruptions dans la respiration, 
des  arrêts de la  respiration, des hésitations dans le mouvement, une 
perte  d'énergie, une  perte d'équilibre, et d'autres conséquences 
néfastes.
Pour
   éviter ces habitudes néfastes et rendre notre respiration vraiment   
indépendante de nos actions, on peut faire des exercices de respiration 
  avec des changements fréquents dans les phases respiratoires. Par   
exemple, si on fait des pompes (voir le chapitre 5) en abaissant le   
corps sur l'inspiration et en remontant le corps sur l'expiration, on   
devrait faire le même nombre de pompes avec les phases respiratoires   
inversées (abaisser le corps sur l'expiration et remonter le corps sur  
 l'inspiration). Soyez attentifs aux bons exercices qui développent   
l'indépendance de la respiration qui sont présentés dans les chapitres  
 suivants.
7. L'absence de tension
Le
   principe d'absence de tension. Comme on l'a vu plus haut, tous les   
exercices décrits dans ce chapitre sont destinés à contrôler la   
respiration, détendre le corps, renforcer les tendons et les ligaments, 
  et, plus important encore, renforcer notre psyché. Nos muscles ne   
doivent être engagés le moins possible. Cela signifie que le corps doit 
  être détendu tout le temps, même lorsqu'il accomplit les tâches les  
plus  difficiles (comme relever le corps lors d'une pompe). On a besoin 
 de  vérifier notre état de détente, surtout quand on débute. Si nos  
muscles  sont trop impliqués, ou si on tend inconsciemment des muscles  
qui ne  sont pas impliqués par un exercice particulier, on va se  
fatiguer très  rapidement. La détente nous permet de pratiquer assez  
longtemps pour  pouvoir commencer le travail sérieux de la respiration. 
 Le principe  d'absence de tension sera expliqué et illustré en  
profondeur dans les  chapitres qui suivent.
Des indications supplémentaires
Les
   sept principes sont le coeur et l'âme de la respiration du Systema. 
On   peut ajouter d'autres idées d'entraînement et quelques bons 
conseils   d'entraînement qui s'appliqueront à la plupart des méthodes 
de pratique.   Ils seront introduits petit-à-petit au cours du livre, là
 où ils  seront  nécessaires. Mais pour l'heure, voici quelques idées  
d'entraînement en  plus qui complètent les sept principes.
/50/ La respiration audible
Une
   bonne manière de comprendre le principe de la continuité de la   
respiration est de percevoir sa respiration avec la « respiration   
audible ». Pendant la respiration audible, on produit un léger son en   
inspirant ou expirant. Cela nous permet de faire plus attention à notre 
  respiration. La respiration audible permet aussi de vaincre des  
blocages  de la respiration dans des endroits douloureux, stressés, où  
la  respiration n’arrive pas à aller.
La
   respiration audible ne signifie pas qu'on fait des bruits violents et
   forts. Elle n'implique pas que la respiration vienne de la gorge. Une
   respiration trop sonore peut devenir trop forcée, et provoquer des   
vertiges, des tensions et d'autres sensations peu agréables. La   
respiration audible devrait toujours sonner (et être ressentie comme)   
une personne qui essaie délicatement de dissiper une douleur et soulager
   une fatigue, dans une partie quelconque du corps. Elle est similaire 
  aux bruits qu'on fait instinctivement quand on soulève quelque chose 
de   lourd, ou qu'on s'assied après un dur labeur. Ce sont des réponses 
de   détentes naturelles de la respiration, de la voix et du corps.
Quand
   on débute la respiration audible, elle peut être perçue par un voisin
   proche (quand on la pratique). Mais, avec le temps, avec plus de   
maîtrise, la respiration devient de plus en plus calme. Progressivement,
   le son va devenir de plus en plus doux, jusqu'à ce que les  
observateurs  ne puissent plus rien entendre du tout. On aura alors  
vraiment atteint  un bel objectif !
Un principe original
Maintenant
   je vais introduire un dernier « principe » original : Appréciez ce 
que   vous faites ! Mikhail veut dire par cela qu'il ne sert à rien 
d'être  un  intégriste. Souriez quand vous explorez vos limites. Soyez 
heureux  quand  vous voyez que vos capacités progressent. La joie vient 
de faire  des  choses justes dans la vie. Pour faire des choses justes 
pour  autrui, on  doit devenir un individu en bonne santé, fort et 
humble.  Tirer le  meilleur de soi-même exige la maîtrise de la 
respiration. Il  faut juste  se souvenir qu'on doit s'amuser en cours de
 route.
[1] Iron Lung
 ou le poumon d’acier en français est un appareil d’assistance   
respiratoire non invasif inventé en 1928 par Philip Drinker et Louis   
Agassiz Shaw (Harvard Medical School). Avec l’apparition des   
intubations, il est tombé en désuétude et est utilisé seulement pour des
   cas rares et précis. Le patient est installé dans une chambre  
centrale,  un tambour cylindrique en acier. La tête est installée dans  
un  compartiment scellé étanche. Des pompes augmentent et diminuent de  
 périodique la pression atmosphétique à l’intérieur de la chambre. Quand
   la pression descend en dessous de celle des poumons, l’air extérieur 
 est  aspiré par les voies aériennes supérieures et transmis aux 
poumons.   Quand la pression remonte au-dessus de celle des poumons, 
l’air est   expulsé (ndt).
Scott Meredith & Vladimir Vasiliev (2006), Let Every Breath, chapitre 3.
Traduction : Mikolka (2013)