Friday 22 August 2008

Redevenir chrétien? Remarques sur un livre de J-C Guillebaud

J'ai remarqué qu'il y avait beaucoup de billets sur la religion en ce moment, dans les blogs philosophiques. Je voudrais contribuer à cette réflexion par un commentaire de: Jean-Claude Guillebaud, Comment je suis redevenu chrétien, Albin Michel, Paris, 2007.

French version of: Back to Christianism?



Quelques liens vers des billets de philosophie de la religion:
Ce que Dieu ne peut pas faire, Julien Dutant
L'argument ontologique rend impuissant, Florian Cova
L'argument ontologique ad hominem de Cyrille Michon, Julien Dutant
Dieu lit la presse people, Julien Dutant
Une preuve de la non-existence de Dieu, Julien Dutant
Philosophy of Religion 12, Peter Smith
Religious Experience, Peter Smith
The Trinity, Peter Smith

Notice biographique:

Jean-Claude Guillebaud est un essayiste et journaliste né à Alger en 1944. Il devient journaliste au quotidien Sud Ouest, puis au Monde et au Nouvel Observateur. Il dirigea Reporters sans frontières et fut lauréat du prix Albert Londres en 1972.

Il tient une chronique dans le supplément de télévision du Nouvel Observateur et une autre chronique dans l'hebdomadaire catholique La Vie.


Comment je suis redevenu chrétien:


1.Ouverture:

Thèse de Guillebaud:
Le chapitre qui ouvre le livre de Guillebaud est un examen de la caractérisation (surtout faite par les individus appartenant à la gauche politique) du croyant comme un individu enfermé dans les traditions, comme le rescapé ridicule d'une époque archaïque, et un examen des conséquences de cette caractérisation.

Guillebaud s'oppose à cette caractérisation: "Je ne suis pas très sûr d'avoir intimement la foi, mais je crois profondément que le message évangélique garde une valeur fondatrice pour les hommes de ce temps... Ce qui m'attire vers lui, ce n'est pas une émotivité vague, c'est la conscience d'une fondamentale pertinence." (p. 23). Guillebaud entend donc démontrer que la religion chrétienne peut fournir une réponse appropriée aux problèmes contemporains.

Argument
Il cherche à montrer que les outils actuels ne permettent pas de résoudre ces problèmes pour pouvoir renforcer l'intérêt stratégique du christianisme: "Pour toutes ces raisons, j'avais l'impression assez confuse que nous sortions pour de bon du monde de l'après-guerre et de ce qu'on pourrait appeler la "première modernité". J'avais du mal à dépasser et même à exprimer cette intuition. Je me sentais démuni, en panne de concepts. J'étais en quelque sorte sans outils théoriques." (p 36).

L'ère contemporaine en question est le monde qui résulte, selon lui, des trois révolutions: "une révolution économique avec la mondialisation, une révolution numérique avec l'apparition du cyberspace (un sixième continent), une révolution génétique qui modifie notre rapport au vivant lui-même." (p 38). Ces trois révolutions sont les facettes d'un saut qualitatif plus général, qui aurait, selon lui, une dimension anthropologique. Et ce saut provoque une inquiétude.

Selon Guillebaud, la religion chrétienne aurait les moyens de répondre, d'une part, aux problèmes théoriques posés par le saut qualitatif, d'autre part, à l'inquiétude. Comment? Parce qu'elle est un fondement solide.

À ce stade, il est difficile d'examiner la validité la thèse de Guillebaud. Car ce qu'il entend par "religion" n'est mentionné à aucun moment. La seule chose qu'on puisse dire, c'est qu'il n'entend pas par ce terme Dieu, la théologie ou l'expérience religieuse.

Le début du texte (l'énonce de la thèse adverse) laisse croire qu'il s'agit d'un phénomène social, mais quand on voit les questions auxquelles la religion chrétienne doit répondre, on est obligé de mettre de côté cette interprétation. S'il a raison de souligner que la caricature faite par certains gauchistes ne permet pas d'évaluer véritablement le pouvoir de la religion face aux problèmes contemporains, en revanche, les pouvoirs extraordinaires qu'il lui accorde, sans jamais dire clairement ce qu'elle est et dire comment elle le peut, laissent un peu sceptique.

Si on laisse de côté la question de l'interprétation, la conception de la religion (et non pas Dieu?) comme un fondement qui permet de résoudre à la fois des problèmes théoriques et des problèmes psychologiques (collectifs ou individuels) laisse le lecteur dubitatif. Imaginons que la religion chrétienne soit un fondement. Que fonde-t-elle? D'après Guillebaud, elle fonde l'humanité de l'homme.Peut-elle résoudre les problèmes contemporains et les soulager? On ne voit pas très bien comment une manière de justifier l'humanité de l'homme peut sortir de ses gonds. Guillebaud s'est peut-être exprimé avec beaucoup d'imprécisions: elle n'est pas seulement un fondement, elle est aussi son "principe directeur", ce qui lui confère sa "valeur"...

Le livre est 1) une présentation de la religion chrétienne comme un fondement; 2) une présentation de son parcours personnel dans le christianisme. Les chapitres suivants nous montrent sa progression dans la découverte du christianisme et nous présentent des arguments pour répondre à la thèse énoncée au début de l'ouverture.



2. Le premier cercle: « Les sources de la modernité »

Thèse de Guillebaud:
On (de la même manière que dans l'ouverture, il ne précise pas qui est le référent de ce "on") pense que l'Église catholique est une institution autoritaire, répressive, antimoderne, et que la modernité n'a pu s'instaurer qu'en luttant contre elle.

Guillebaud pense au contraire que le monde moderne n'aurait pas pu se faire sans la religion chrétienne et son institution: le monde moderne est l'héritier légitime de l'Église.

Argument:
La démonstration de Guillebaud est essentiellement historique. Il veut essayer de nous convaincre de la pertinence de la religion chrétienne en soulignant le rôle qu'elle a joué dans l'histoire. Ce chapitre m'a profondément ennuyé: outre le manque de précision, les associations rapides, ce n'est qu'un choc entre des poncifs historiques antichrétiens et des poncifs prochrétiens. Explicitons la thèse de Guillebaud.

Le premier héritage du monde moderne venant du christianisme, c'est l'individualisme ou l'autonomie de la personne. Pour nous convaincre, il nous fait part de son enthousiasme à la lecture de l'Essai sur l'individualisme de Louis Dumont et Les Sources du moi de Charles Taylor. On imagine qu'on est obligé de ressentir la même excitation par cette seule mention et qu'on doit le tenir pour la "vérité vraie" sans examen...

Le deuxième héritage, c'est l'aspiration égalitaire. L'exemple (le poncif) utilisé par Guillebaud est la controverse de Valladolid. Pour démontrer cela, il présuppose que la culture moderne est formé 1) de l'héritage grec; 2) de l'héritage juidaïque; 3) de l'héritage chrétien. Si une entité du monde moderne ne se trouve pas dans deux possibilités généalogiques, elle se trouve nécessairement dans la troisième. Par conséquent, ne trouvant pas l'égalité en 1 et 2, elle doit se trouver en 3. On tremble devant un tel réductionnisme historique... En outre, on ne voit pas bien comment une controverse pour savoir si les indiens ont une âme a pu aboutir à l'égalité de tous les hommes...

Le troisième héritage, c'est la notion de progrès, héritée de la notion d'espérance. Le raisonnement est semblable aux précédents: il y a la notion d'espérance dans le passé, il y a la notion de progrès dans le présent, elle n'est présente ni en 1 ni en 2, donc elle est en 3...

Quelques remarques pour terminer sur ce chapitre:
-Cette lecture de la modernité, considérée comme une entité qui n’hériterait rien du christianisme, ne se trouve nulle part parmi les historiens, les sociologues… contemporains.

-J’ai été un peu surpris par ce chapitre parce que cela m’a donné l’impression de lire les confidences d’un enfant qui se rend compte que le monde est plus complexe qu’il n’en a l’air.

-L’auteur fait des équivalences rapides dans la première étape de sa vie, comme dans la suivante. 1) L’Église c’est l’autorité à abattre ; 2) l’Église a tout donné à l’Occident moderne. Dans les deux cas, l’auteur fait des raccourcis qui ne sont pas fondés.

-On se demande si, parce que le christianisme a apporté la plupart des valeurs modernes, l'auteur pense que le christianisme est en mesure de répondre aux problèmes contemporains. Ne lui est-il pas venu à l'idée que si le résultat des valeurs modernes est problématique et que si les valeurs modernes découlent des valeurs chrétiennes, alors les valeurs chrétiennes risquent de conduire aux mêmes conclusions.

Certes, l'auteur a reconnu que le monde moderne doit beaucoup au christianisme, mais cela ne constitue pas une raison suffisante pour devenir croyant: "Reste que ce cercle, j'en suis conscient, est encore très périphérique au regard de l'essence du christianisme. Il est éloigné de la vraie foi. Le christianisme, c'est autre chose qu'une simple collection de "valeurs" humanistes. Avoir la foi, ce n'est pas adhérer simplement à un catalogue de principes normatifs, qui serait comparable au programme d'un parti politique." (p 95).


3.Le deuxième cercle: « la subversion évangélique »:

Thèse de Guillebaud
:
Il montre dans ce deuxième chapitre que le "christianisme a coupé l'histoire en deux" et que la religion chrétienne n'est pas une religion comme les autres.

Arguments:
Pour Guillebaud, le christianisme n'est pas une religion qui répète exactement la même structure que les autres: à la différence des autres religions qui, dans la structure du sacrifice, conserve le point de vue du sacrificateur et affirme la culpabilité des victimes, la religion chrétienne proclame l'innocence de la victime, prend son point de vue et ruine le sacrifice par la résurrection:

"Girard va jusqu'à faire de cet aveuglement une métaphore de celui que nous appelons "Satan" (l'accusateur, selon l'étymologie grecque). Il y a donc cette subversion inimaginable du biblique qui ruine à tout jamais le discours des persécuteurs, celui des "puissances", des "principautés", c'est-à-dire de Satan. La résurrection signifie d'abord cela. Elle est cette extravagante objection qui vient enrayer la mécanique du sacrifice sur laquelle se fondent les cultures humaines. C'est bien pour cela que le consentement est le coeur incandescent de la foi chrétienne.. C'est elle qui confère au message évangélique sa puissance subversive... Quand il nous arrive d'être étonnés, puis scandalisés -à juste titre- par ces lynchages ou ces lapidations médiatiques que j'évoquais plus haut, nous ne cherchons pas à comprendre pourquoi nous réagissons ainsi... Ce dernier vient du fait que les sociétés dans lesquelles nous vivons ont intériorisé depuis longtemps la révélation évangélique, y compris ceux qui croient la combattre. Elles sont toujours capables, certes, de commettre des meurtres collectifs mais l'unanimité qui verrouillerait complètement le dispositif n'est plus possible. Nous sommes dorénavant capables de repérer le mensonge sacrificiel, c'est-à-dire la ruse de la persécution." (pp 108-109).

Guillebaud privilégie donc la théologie de la croix à la théologie de la gloire et, en adoptant ce principe de subversion, il devient plus sensible aux problèmes de justice. Veillant toujours à justifier son parcours, il explique son engagement politique à gauche et son intérêt pour les questions sociales par la prise au sérieux du message évangélique.

Pourquoi s'est-il rapproché de l'Église si la gauche pouvait lui permettre de réaliser ce en quoi il croyait? Pour Guillebaud, la situation contemporaine est proche de la situation originelle de l'Église: le corps (les clercs et les fidèles) de l'Église est en situation de minorité par rapport au reste de la population athée ou agnostique et il a une action subversive dans ce monde qui valorise l'argent et la réussite. C'est l'affaiblissement de l'institution qui est la condition de possiblité de ce changement. Or, la gauche au pouvoir ou non, est, toujours selon notre auteur, trop impliquée dans les intérêts "temporels" pour pouvoir réaliser correctement le message évangélique. Un retour à l'Église s'imposait.

Mais Guillebaud commet la même erreur que celle du chapitre précédent: le sophisme de l'origine (A est à l'origine de B; si B, alors A). Explication. a) Guillebaud nous explique que le message évangélique transmis par l'Église est l'origine du sentiment de justice. b) Ce sentiment de justice s'est diffusé presque partout. c) Chaque fois que Guillebaud est en face d'un sentiment de justice, il pense que le christianisme est présent.

L'argument de Guillebaud ne saurait être admis. 1) C'est une erreur de raisonnement. Même si la religion chrétienne en est la cause, ce n'est pas nécessairement pour cette raison qu'un individu éprouve un sentiment de justice. 2) Guillebaud paraît incapable de concevoir l'institutionnalisation d'un comportement social qui se détache de ce qui l'a provoqué.

On ne voit pas pourquoi on devrait devenir chrétien, entrer dans l'Église, pour la simple raison qu'elle aurait provoqué certains comportements sociaux. En outre, Guillebaud n'ayant cessé de nous vanter la modernité de la religion et sa capacité à répondre aux problèmes contemporains, on se demande comment ce qui a suscité le sentiment de justice peut proposer les solutions adéquates au monde actuel. C'est une chose de susciter l'engagement social chez les hommes, c'en est une autre de susciter les capacités pratiques nécessaires pour résoudre tous les problèmes impliqués par les trois révolutions mentionnées par Guillebaud dans l'ouverture. Reste donc le dernier chapitre pour nous convaincre.



4. Le troisième cercle « la foi comme décision » :

Thèse de Guillebaud:
La foi n'est pas constituée par la raison, mais par la décision et la volonté de croire.

Arguments:
Il montre dans ce chapitre comment il est passé d’une tentative de conversion basée sur des raisons à une compréhension de la foi comme décision. Le début du chapitre rapporte les insuffisances et les frustrations de la raison face aux phénomènes religieux: l'ennui à la messe, l'impression d'incompréhension à la lecture ou à la récitation de textes canoniques (le Credo ou le Pater noster)...

La solution à ces insuffisances, c'est de changer de voie: quitter le raisonnement et aborder la croyance dans sa force décisionnelle et sa dimension volontaire. "On croit aussi parce qu'on l'a choisi. La foi présuppose une adhésion délibérée, un saut personnel et subjectif qui permet de franchir les abîmes du doute. On se trompe en présentant la foi religieuse ou la croyance philosophique comme une chose donnée de l'extérieur, par l'effet d'une logique sur laquelle le croyant n'aurait aucune prise. Cette vision qui évacue toute idée de choix, d'engagement est trompeuse. En réalité, la croyance -comme la foi- n'est pas déduite mais voulue." (pp 173-174).

Guillebaud prend le chemin emprunté par de nombreux penseurs avant lui, notamment Pascal et Kierkegaard qu'il a cités.

Quelques remarques:
-On ne voit toujours pas de réponse au problème posé initialement, à savoir la contemporanéité de la religion.

-Il évacue très cavalièrement les preuves de l'existence de Dieu, qui sont pourtant encore de nos jours âprement débattues (cf la preuve ontologique).

-C'est dans le dernier chapitre qu'on apprend que tout ce qu'on a vu plus tôt n'avait pas d'importance véritable pour la religion. La question se pose: pourquoi n'a-t-il pas commencé par le dernier chapitre puisque son thème est la religion? Car ce chapitre, qui évacue totalement la raison comme "faculté" et les raisons comme objets d'argumentation, laisse le lecteur dans l'embarras. Il aurait pu développer des formules comme "On ne "perd" pas la foi comme on perd ses clés... Ce n'est pas la foi qu'on perd, c'est la volonté de croire qui faiblit." (p 176) ou d'autres tout autant énigmatiques.

-Ce qui est met le plus le lecteur dans l'embarras, c'est le rapport entre la foi et la raison: "Croire, c'est aussi faire confiance, partager une sensibilité particulière. Admiration pour un leader (ou un saint), solidarité de groupe, fidélité à des proches, obéissance à une tradition, esprit d'équipe ou de famille: aucune croyance n'est strictement rationnelle. Lorsqu'on fait sienne une conviction, quand on donne son assentiment ou qu'on décide de s'engager, il entre dans cette décision une part d'émotivité, ou si l'on préfère de sentiment." (pp 177-178).

Il n'est pas question de mettre en doute la part d'affectivité ou d'émotion dans la foi. 1) Mais il semble que cela entre en contradiction avec ce qu'il a dit plus tôt sur son attirance vis-à-vis de la religion chrétienne: il a précisé qu'il n'était pas attiré par l'aspect émotionnel de la religion (mais la foi est-elle la religion, chez Guillebaud? Difficile de répondre, car il ne définit jamais les termes qu'il emploie). 2) La présence de sentiment semble entraîner, chez notre auteur, immanquablement le retrait de la raison. Or, rien n'empêche d'éprouver des sentiments en ayant une activité rationnelle. Mais surtout, il est possible d'éprouver des sentiments pour certaines raisons. 3) L'indétermination de l'objet du "croire" est assez perturbante: en Dieu ou en un tyran, c'est égal...

Et précisément, les raisons pour lesquelles on pourrait (re?) devenir chrétien manquent dans ce livre. Guillebaud ne nous donne aucune raison de retrouver la foi chrétienne pour répondre aux problèmes de ce monde. Et il ne nous donne aucune raison non plus de trouver un apaisement de nos inquiétudes par la foi chrétienne. Sans parler de la place et de la pertinence des raisons dans la vie religieuse.


Conclusion:

Ce livre est malheureusement décevant, car il ne remplit pas les objectifs énoncés au départ. Il semblerait que la volonté de présenter son parcours dans le christianisme l'a emportée sur l'ambition théorique. Le livre ne répond pas à la question "comment suis-je devenu chrétien?", d'une part parce que les deux premiers chapitres s'attachent à savoir pourquoi nous sommes tous chrétiens et le dernier chapitre montre qu'il n'a jamais pu faire le saut de la foi (il nous montre donc comment il n'est pas chrétien); et, d'autre part, parce que le livre pose d'autres questions sur le rôle du christianisme (auxquelles il ne donne jamais de réponses claires).

Une remarque pour terminer: ce livre, inspiré par les témoignages chrétiens, en a les défauts. Il fourmille d'anecdotes personnelles. On trouve donc des phrases destinées à impressionner le lecteur ("à l'époque où j'allais manger des petits beurres avec Régis Debray, chez le Dalaï Lama...") m'irritent profondément. Vous êtes prévenu...

3 comments:

Anonymous said...

vous êtes sévères!

moi je trouve qu'au contraire, l'auteur répond à la question "comment je suis devenu chrétien", non pas de par une thèse mathématique, avec arguments, contre-arguments, etc. comme vous tenter de le faire vous-même, mais bien en exposant son parcours, étapes par étapes et ses questionnements.

Vous dites que le livre "fourmille d'anecdotes personnelles", ce que vous semblez considérer comme un défaut... C'est votre droit de ne pas aimer ce type de narration, mais rappelons que c'est un témoignage, et quoi de mieux pour témoigner que relater ce que l'on a vécu au travers d'anecdotes...

vous dites aussi qu'il n'est pas chrétien, car il n'a jamais su faire le saut de la foi. Or vous lui reprochez de ne pas définir ces termes de chrétien-religion-foi... Et vous les utilisez de cette façon aussi catégorique ??

enfin bref, merci pour cet article intéressant

Mikolka said...

Cher Anonyme,

Merci pour votre commentaire. Oui j'ai été sévère et vous allez comprendre pourquoi.

1) Le problème de ce livre est qu'il se fixe deux buts étrangers l'un à l'autre. La contribution à l'un n'implique rien quant à l'autre.

Or, l'auteur essaie de nous faire croire qu'il peut appuyer sa recherche personnelle sur ses considérations, que je trouve franchement vaseuses, sur le rôle du christianisme dans la "modernité". Mais même si elles étaient vraies, elles ne pourraient pas être des raisons pour devenir chrétien.

En outre, si vous lisez attentivement le livre, vous vous rendrez compte que ce qui compte le plus dans ce texte, c'est moins le parcours personnel que le présumé rôle du christianisme dans la "modernité". En sorte que le livre, se présentant comme un témoignage, répond en fait à la question: pourquoi le christianisme est-il la réponse à nos problèmes? La division en cercle concentrique correspond en fait moins à des étapes personnelles vers la conversion qu'à une description du christianisme dans son rapport à la "modernité".

Que quelqu'un soit considéré comme un leader intellectuel du christianisme manifeste autant de confusion n'est pas la meilleure des choses pour le christianisme.

2) Sur les anecdotes: j'aime beaucoup les anecdotes, quand elles sont bien placées. Or, ce livre, n'étant pas un témoignage, mais un essai qui se présente sous la forme d'un témoignage, n'a aucun intérêt à accumuler les anecdotes inutiles sur les personnes qu'il a pu rencontrer, sur le café qu'il a pu fréquenter, sur le nom de son directeur de thèse...

3) Je ne comprends pas votre dernière objection.

Amicalement

Anonymous said...

re-bonjour,

merci pour vos explications.. vous insistez sur le fait que ce bouquin se veut de répondre à la question : "pourquoi le christianisme est-il la réponse à nos problèmes" ? Mais je ne vois pas où l'auteur énonce cette affirmation . Je suis sans doute très naïve sur la question, mais lorsqu'il présente son livre comme un témoignage plutôt personnel, j'ai assez envie de le croire...

quant à ma dernière objection : vous dites d'abord : "mais la foi est-elle la religion, chez Guillebaud? Difficile de répondre, car il ne définit jamais les termes qu'il emploie". Puis plus loin : "le dernier chapitre montre qu'il n'a jamais pu faire le saut de la foi (il nous montre donc comment il n'est pas chrétien)"

D'abord vous soulevez ce problème de définition du terme "foi", puis vous affirmer que l'auteur n'a jamais fait le saut de la foi... alors que vous venez de dire que vous ne savez pas vraiment ce qu'il entend par là..

finalement, personnellement j'ai envie de prendre ce bouquin pour rien d'autre qu'une reflexion d'un type sur son parcours personnel, et qui trouve ou retrouve un intérêt dans la foi chrétienne. je trouve ça plutôt intéressant ma fois.

bien cordialement.